Vingt-cinq ans après, les professionnels de la montagne et les spécialistes se souviennent: l'hiver 1999, marqué par plus d'un millier d'avalanches qui ont fait 17 morts en Suisse, a laissé une trace traumatique profonde. Un épisode d'une intensité rarissime.
Dans un communiqué et dans une série de documents vidéos et autres publiés vendredi un quart de siècle après les événements, les spécialistes de l'Institut WSL pour l’étude de la neige et des avalanches SLF reviennent sur l'événement qui aura marqué leur carrière peut-être plus que tout autre.
Des dégâts d’environ 600 millions
Le 21 février 1999, deux énormes avalanches engloutissaient les hameaux de Villa et La Sage, près d'Evolène (VS), tuant douze personnes. Autour de cette période, en l'espace de quatre semaines, cinq à huit mètres de neige fraîche sont tombés sur le versant nord des Alpes. On ne comptait plus les routes et les voies ferrées coupées, les localités isolées, parfois sans électricité, avec des centaines de milliers de touristes bloqués, en Valais mais aussi dans l'Oberland bernois.
En à peine un mois, pas moins de 1200 avalanches ont causé alors des dégâts d’environ 600 millions de francs dans le pays (sans compter les pertes touristiques), ensevelissant 28 personnes, dont 17 n'ont pas survécu.
L’hiver avalancheux 1999 a occupé les chercheurs du SLF, dont le chef prévisionniste Thomas Stucki, pendant plusieurs années. De multiples études ainsi qu’un livre d’environ 600 pages ont été rédigés. Diverses mesures ont été prises, comme la création du système intercantonal d’alerte précoce et d’information en cas de crise (IFKIS), développé par le SLF et précurseur du système SLFPro utilisé aujourd’hui.
Les spécialistes ont entre-temps développé les déclenchements artificiels de coulées de neige, considérés comme une alternative judicieuse et peu coûteuse aux ouvrages paravalanches.
Nouvelles mesures
Depuis le terrible épisode d'il y a 25 ans, «la Suisse a pris de multiples mesures pour que les services des avalanches puissent encore mieux maîtriser la situation dans ce type de situations», explique Jürg Schweizer, un des principaux spécialistes à s'être penchés sur ces événements gravés dans les mémoires.
Après l'avalanche d'Evolène, les habitants de la commune valaisanne ont parlé de fatalité. Mais la justice a fini par condamner pour homicide par négligence un guide ainsi que l'ex-président de la commune. Selon le Tribunal fédéral, ce dernier, condamné à une peine avec sursis en 2006, aurait dû ordonner l'évacuation d'un chalet où le danger était qualifié de «moyen», tandis qu'il a reproché au premier de ne pas avoir fermé une route où le risque était élevé.
(ATS)