Pluies, tempêtes, grêle
Un été tombé à l'eau, au propre comme au figuré

De mémoire, cela faisait longtemps qu'il n'avait pas autant plu. Dans certaines régions en Suisse, les précipitations ont même battu tous les records des 150 dernières années. En somme, un été qui ne mérite pas son nom.
Publié: 31.08.2021 à 06:21 heures
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Dernière mise à jour: 31.08.2021 à 07:06 heures
Les deux maîtres-nageurs Caterina Bernich et Faro Babamazid ont vécu un été qui ne mérite pas son nom.
Photo: Claudio Meier
Marco Latzer, Céline Trachsel, Michael Sahli, Jocelyn Daloz (adaptation)

Quelques jours de piscine entre deux averses diluviennes, des vacances en camping boueuses, des randonnées annulées, des inondations, des orages, des éclairs, des arbres déracinés, des caves inondées... nous pourrions continuer à égrener cette liste de doléances météorologiques encet été 2021, qui ne manquera pas de rester dans les annales.

«L'été, mais quel été?» se demande d'ailleurs Caterina Bernich, maître-nageuse à Hedingen et Mettmenstetten (ZH). «Sur le calendrier peut-être, mais pas dans la piscine. Il n'a fait vraiment chaud qu'une semaine. Nous n'avons pas eu de saison chaude.» Son collègue Faro Babamazid acquiesce: «Quand nous étions ouverts, les gens venaient. Mais nous n'avons ouvert qu'un nombre infime de jours à cause du temps. Je suppose que nous avons eu deux tiers de clients en moins comparé à d'habitude.»

«Un désastre» pour les sociétés de location de bateaux

La saison a également été très mauvaise pour les sociétés de location de bateaux. «Sur le lac des Quatre-Cantons, le mois de juillet a été particulièrement désastreux», déclare Beat Plüss, directeur de la Société de gestion de la flotte de Saint-Niklausen à Lucerne. Les pédalos et les bateaux sont restés pratiquement inutilisés, dit-il. «Les affaires ont été moins bonnes de 30 % par rapport à 2019.» En conséquence, la compagnie a supprimé les jobs d'étudiants, laissant le personnel éponger les heures supplémentaires occasionnées.

Beat Plüss enregistre un effondrement massif des locations de bateaux à Lucerne.

L'herbe n'est pas plus verte dans les alpages. On aurait pourtant pu espérer un été record pour les cabanes du Club alpin suisse. Au printemps, en effet, les réservations pour la saison étaient au beau fixe. Puis vint la pluie, et avec elle une vague d'annulations. «Les orages et les tempêtes compromettent la sécurité en montagne, il y a eu beaucoup d'annulation de dernière minute», déclare Bruno Lüthi, responsable de l'exploitation des cabanes au Club alpin suisse (CAS).

Pour lui, seul un été indien pourrait sauver la saison. «Mais il faudra s'attendre à de la neige en septembre dans certaines cabanes du CAS.»

Bruno Lüthi, responsable des cabanes au Club alpin suisse.

Plus de 450 millions de francs de dégâts

Les compagnies d'assurance ont également souffert des intempéries de cet été: elles ont fait état de plus de 450 millions de francs de dégâts dès la mi-juillet. Les conditions météorologiques extrêmes ont endommagé des maisons dans toute la Suisse et détruit des cultures, entraînant une perte totale de récolte pour certains agriculteurs.

En termes de précipitations, les météorologues ont enregistré un net excédent. «En juin et juillet, nous avons même eu des quantités record», indique Roger Perret de Meteo News. Par exemple, il n'est jamais tombé autant de pluie à Buchs (AG) ou à Thun (BE) en juin depuis le début des mesures. Pareil en juillet dans le nord du Tessin: de très anciennes stations de mesure comme Robiei, Coldrerio ou Airolo, dont les données remontent au 19e siècle, n'ont jamais enregistré autant de précipitations. Il en va de même à Altdorf (UR), où des mesures sont effectuées depuis 1870: jamais mois de juillet ne fut aussi pluvieux qu'en 2021.

Roger Perret, météorologue de Meteonews

Près d'un demi-million de coups de foudre sur la Suisse

Mais ce n'est pas tout, explique Roger Perret: «Il y a également eu plus d'orages que d'habitude cette année.» Pour le seul mois de juin, on a dénombré 244 000 impacts de foudre dans toute la Suisse, et pour les mois d'été de juin, juillet et août, près d'un demi-million. L'avantage de tous ces précipitations est que la nature a pu se remettre des derniers étés, qui ont été beaucoup trop chauds et secs, et les réservoirs d'eau souterraine se sont à nouveau remplis.

«L'été s'est déroulé différemment de ce à quoi nous étions habitués ces dernières années. Dans l'ensemble, le temps a été plus volatile et plus frais, même s'il a été en fait tout à fait normal en termes de température. Nous avons eu de nombreux étés frais comme celui-ci dans les années 80 et 90. On peut dire que celui-ci était un été comme autrefois.» Mais il ajoute: «Peut-être que cette année n'était qu'une exception et que par la suite, il fera à nouveau aussi chaud que ces dernières années à cause du réchauffement climatique.»

Perret se réjouirait d'un automne plus stable et plus chaud maintenant. «Mais on ne peut pas le prévoir.» Pour l'instant, les signes indiquent une fin d'été partiellement ensoleillée. Toutefois: «La semaine prochaine, cela pourrait déjà redevenir plus instable.»

L'aire de jeux intérieure est «la gagnante de l'été pourri»

Les exploitants de campings n'ont pas été si mécontents de la saison estivale: en effet, malgré la pluie, les campeurs se sont néanmoins risqués à sortir leurs tentes. Michael Affolter, exploitant du TCS Camping Gampelen sur le lac de Neuchâtel, raconte: «La saison de camping 2021 a démarré sur les chapeaux de roue, avec des taux de réservation très élevés. En raison des inondations de juillet, le camping Gampelen a dû être fermé pendant plusieurs jours. Après cela, les réservations ont de nouveau été élevées sur le site.» Il est donc confiant que 2021 sera une excellente saison, à condition que la météo coopère dans les semaines à venir.

Michael Affolter, exploitant du camping de Gampelen (BE), lors des inondations de juin.

Et puis il y a eu les autres, ceux que la pluie fait sourire: Stephan Stoeber, propriétaire de l'aire de jeux couverte Formel Fun à Bülach ZH, s'est réjoui de l'été pluvieux. «Dans l'ensemble, nous avons fait mieux que les autres années. Mais malheureusement, nous ne pouvons pas comparer les chiffres en raison de la situation du Covid.» Sans détour, Stoeber admet: «Mais bien sûr, quand il pleut dehors, les familles cherchent une activité à l'intérieur. Donc vous pouvez nous appeler les gagnants de cet été pourri.»

Un des gagnants de cet été: Stephan Stoeber, propriétaire de Formel Fun à Bülach (ZH).
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