Les centres d'asile de la Confédération et des cantons sont pleins depuis des mois. Afin de disposer encore de suffisamment de places en automne, le Conseil fédéral a commandé en avril un concept pour des hébergements temporaires supplémentaires. Coût: plus de 130 millions de francs.
Jusqu'à 30'000 personnes demandant l'asile sont attendues en Suisse cette année. Le Département de justice et police d'Elisabeth Baume-Schneider voulait donc se préparer et créer, si nécessaire, des places d'hébergement supplémentaires dans des camps de conteneurs.
Préférence pour les abris de protection civile
Le Conseil fédéral a salué l'idée et a présenté au Parlement, à titre préventif, un crédit de 132,9 millions de francs pour l'hébergement temporaire des requérants d'asile. Mais le Conseil des Etats l'a rejeté mercredi.
Sans longue discussion, le Conseil des Etats est arrivé mercredi à la conclusion qu'il ne fallait pas approuver ce crédit. La veille, les politiciens des finances du Conseil des Etats avaient entendu des représentants de l'armée et du Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM).
«On s'est demandé comment gérer ces installations de protection civile qui sont dans le pays, qui sont décentralisées, qui peuvent être mobilisées rapidement et qui sont également acceptables comme premier hébergement», a expliqué le conseiller aux Etats du Centre Benedikt Würth au Conseil. La Confédération n'est responsable que du premier hébergement, c'est-à-dire pour une durée de 140 jours. Pour cette période, cette installation serait adéquate.
Conflit entre cantons et Confédération
Ce n'est pas une bonne idée, selon la conseillère aux Etats Eva Herzog. En effet, selon la planification d'urgence en matière d'asile de 2016, la Confédération et les cantons ont convenu que les installations de protection civile devaient en premier lieu être mises à disposition des cantons. «Dans la situation tendue actuelle, la Confédération ne devrait en conséquence pas entrer en concurrence avec les cantons», explique-t-elle.
En outre, l'armée a informé les politiciens du département des finances qu'elle souhaitait récupérer les places qu'elle mettait à disposition pour l'hébergement de ces personnes.
La priorité aux cantons, c'est aussi le point de vue de Marianne Lienhard, vice-présidente de la Conférence des directrices et directeurs cantonaux des affaires sociales et conseillère d'Etat de Glaris: «Il peut sembler évident que la Confédération occupe des abris de protection civile dans une situation d'urgence. Mais ce sont les cantons qui en ont besoin.» Ceux-ci se trouvent également dans une situation «tendue, voire précaire» en ce qui concerne l'hébergement.
Jeudi, le Conseil national débattra du crédit pour les conteneurs. La commission des finances chargée de l'examen préalable se prononce, elle, en faveur de ce projet: «Nous devons craindre de manquer de places en hiver, ce qui ne peut en aucun cas être dans l'intérêt du Conseil des Etats et des cantons», déclare à Blick Roland Fischer (Verts Libéraux), président de la commission des finances du Conseil national. Pour que l'on puisse continuer à compter sur un processus d'asile ordonné, il est nécessaire, selon lui, de créer davantage de capacités.
Le SEM prévoyait déjà des villages de conteneurs
Si le Conseil national devait lui aussi rejeter le crédit, le Secrétariat d'Etat aux migrations chercherait le dialogue avec les cantons, les villes et les communes. Avec ces derniers, il s'agira de déterminer quelles sont les autres options pour la mise à disposition de logements supplémentaires dans le domaine de l'asile. «Bien entendu, la question des abris de protection civile sera également abordée, comme le souhaite le Conseil des Etats», explique le porte-parole du SEM Daniel Bach.
Ce n'est que mardi que le secrétariat d'Etat d'Elisabeth Baume-Schneider a annoncé qu'il souhaitait réaliser des lotissements de conteneurs sur les sites de l'armée à Thoune (BE), Bière (VD), Tourtemagne (VS) et Bure (JU). Avec la décision de la Chambre basse, ce projet est sur la sellette.