Beaucoup trop peu d'encadrants, beaucoup trop peu de place. La forte augmentation du nombre de jeunes non accompagnés pousse non seulement les cantons à leurs limites, mais aussi la Confédération.
Dans un rapport récemment publié, la Commission de prévention de la torture qualifie de préoccupante la situation dans les centres d'asile de la Confédération. La commission d'experts reproche aux autorités des violations de la Convention de l'ONU relative aux droits de l'enfant.
Une éducatrice sociale pour 100 jeunes
Selon le rapport, une seule éducatrice sociale formée est parfois responsable de 70 à 100 jeunes non accompagnés en une seule journée. Des collaborateurs du centre de Balerna, dans le Tessin, ont déclaré à la commission que les jeunes étaient «livrés à eux-mêmes».
Certains jeunes ne peuvent pas non plus aller à l'école en raison du manque de places. Les jeunes de 16 et 17 ans sont traités comme des adultes alors qu'ils ont droit à un encadrement spécial. La conclusion de la commission anti-torture est claire: les autorités et les politiques doivent agir.
«Nous n'avons absolument pas à rougir»
Pour la conseillère nationale PS Samira Marti, les conclusions de la commission sont un «signal d'alarme». «De nombreux jeunes sont traumatisés par la guerre, la violence et la fuite. Ils ont besoin d'un environnement sûr et calme», souligne-t-elle. Des centres d'asile fédéraux surpeuplés avec trop peu de personnel et zéro occupation sont «une catastrophe pour les adolescents».
Le conseiller national du Centre Marco Romano estime en revanche que les critiques acerbes de la commission anti-torture sont injustifiées et exagérées. Le Secrétariat d'État aux migrations (SEM) fait «tout ce qui est possible pour trouver des solutions», souligne-t-il. Selon lui, en été par exemple, les enfants du centre fédéral d'asile de Balerna pourraient passer la journée dans une école d'agriculture proche et auraient plus de place pour faire des activités.
«En Italie, les enfants dorment dans la rue. Nous n'avons absolument pas à rougir de la comparaison avec les pays voisins», estime le Tessinois.
Il faut également tenir compte du fait que les jeunes ne sont hébergés que brièvement dans les centres d'asile de la Confédération, explique la conseillère nationale UDC Martina Bircher. En moyenne, cela dure 90 jours, après quoi ils sont attribués à un canton, qui s'occupe de leur hébergement.
38 millions de francs pour des centres d'accueil dignes
Pour respecter ses propres directives, le SEM estime qu'il faudrait plus d'un tiers de postes à temps plein en plus de ceux actuellement disponibles pour l'encadrement des jeunes. Coût annuel: 38 millions de francs. La mise en service de nouveaux centres d'asile pour héberger correctement les enfants réfugiés reviendrait encore bien plus cher.
Mais les coûts ne sont pas le seul problème. Les organisations qui gèrent les centres d'asile fédéraux ont depuis longtemps des difficultés extrêmes à trouver du personnel qualifié. Selon le SEM, plus de 60 postes à temps plein étaient vacants au mois de mars.