Philippe Morel, candidat MCG au Conseil d'État
«Le PLR de Genève ne m'a jamais vraiment intégré»

C'est confirmé par le MCG lors de sa conférence de presse: Philippe Morel, transfuge du PLR, remplacera bien Mauro Poggia pour la course au Conseil d'État genevois de 2023. Mais ce dernier pourrait faire une apparition surprise au deuxième tour, si son parti cartonne.
Publié: 08.11.2022 à 18:23 heures
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Dernière mise à jour: 08.11.2022 à 20:09 heures
Lors de la conférence de presse donnée le mardi 8 novembre, le MCG a annoncé conjointement le non-candidature au Conseil d'Etat de Mauro Poggia (à gauche), et l'arrivée de Philippe Morel (à droite).
Photo: Daniella Gorbunova
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Daniella GorbunovaJournaliste Blick

Nous l’avions révélé le 3 novembre, c’est désormais confirmé par la conférence de presse donnée par le Mouvement citoyen genevois (MCG) ce mardi: l’actuel ministre de la Santé genevois, Mauro Poggia, élu sous la bannière du MCG, ne se représentera pas au Conseil d’État de Genève en 2023… Au premier tour, du moins.

C’est effectivement Philippe Morel, spécialiste en chirurgie générale et viscérale, et figure bien connue de la politique du bout du Léman - jusqu’à présent sous la bannière du Parti libéral-radical (PLR) - qui le remplacera dans le rôle de tête d’affiche du MCG. Il a quitté le parti bleu à cet effet.

Mauro Poggia n'est cependant pas complètement sur le départ: «Je me réserve encore le droit de me présenter au Conseil d'État au second tour», glisse-t-il lors de la conférence de presse. Mais seulement si le MCG devait rencontrer un succès particulièrement retentissant. À l’image des 20 sièges au Grand conseil raflés en 2013, par exemple. Si une telle situation se produit à nouveau, il rejoindrait alors la course à l’Exécutif aux côtés de Philippe Morel. Dans tous les cas, il sera sur la liste pour le Grand Conseil.

«Le PLR ne m’a jamais intégré»

Officiellement, le chirurgien de renom a quitté sa famille politique en ami. «Il n’y a aucune animosité entre le PLR et moi», affirme-t-il. «Mes convictions n’ont d'ailleurs pas changé. Je rejoins le MCG car il se concentre précisément sur Genève, et je pense que c’est l’échelle qu’il me faut, pour faire la différence. Je suis né et j’ai toujours vécu dans cette ville. Aujourd’hui, ce sont les Genevoises et les Genevois qui me préoccupent avant tout», avance le candidat.

Philippe Morel est encore (pour l’heure) présent sur la liste libérale-radicale. Il nous confie qu'il ne s’est cependant jamais réellement senti comme à la maison au sein de ce parti: «Le PLR ne m’a jamais vraiment intégré.»

Son expérience et son ancien statut de médecin-chef du service de chirurgie viscérale des HUG n’y auraient pas forcément été valorisés à leur juste valeur, selon l'actuel élu au Grand Conseil: «J’ai clairement été tenu à l’écart de certains dossiers, y compris ceux en lien avec la santé, que je découvrais parfois en commission… Je n’ai jamais été associé à un organe de direction, non plus. J’ai vu la liste du comité directeur du PLR: plusieurs de ces personnes sont arrivées au sein du parti après moi, et n’ont surtout pas davantage contribué…» Les compétences du chirurgien seraient ainsi mieux mises en avant au MCG.

Poggia à Berne?

Qu’adviendra-t-il de Mauro Poggia, s’il laisse sa place à Philippe Morel? Plusieurs sources, dont du MCG, nous avaient confié l’ambition fédérale du ministre genevois: s’il veut bel et bien aller à Berne, briguera-t-il un fauteuil au Conseil des États, comme nous l’avions écrit?

Affirmant (publiquement, du moins) vouloir se concentrer principalement sur sa carrière d’avocat, il déclare aujourd'hui qu’il statuera, avec son parti, sur une éventuelle candidature à l’échelle fédérale dans le courant de l’année prochaine.

Le ministre laisse néanmoins entendre qu'il convoite la Chambre haute: «Il est clair que, pour n’importe quel politicien, le premier choix est le Conseil des États», car les élus y sont moins nombreux, et bénéficient donc d’un pouvoir plus direct. «D’autant plus pour une sensibilité de droite», ajoute-t-il.

MCG cherche alliances

Ainsi, le MCG est le dernier parti à avoir révélé sa liste pour le Conseil d’État genevois. Les joueurs sont donc au complet, mais les jeux sont encore à faire. À la question de savoir si des potentielles alliances avec d’autres partis peuvent naître pendant la campagne, le Mouvement regrette le manque de cohésion générale à droite.

Le président du parti Francois Baertschi affirme en ce sens: «Pour faire une alliance, il faut être au moins deux. Pour l’heure, il n’y a pas vraiment cette volonté de la part des autres partis proches de nous. Mais les choses peuvent encore changer.»

Le sortant Mauro Poggia envie d’ailleurs l'entente de ses adversaires politiques: «La gauche, avec ses photos communes où tout le monde sourit, sait donner envie aux électeurs des uns de voter pour les autres partis. La droite a besoin de cela. Mais, aujourd’hui, chacun pense ne pas avoir besoin des autres.»

Une liste commune n’aurait cependant pas forcément de sens, selon le conseiller d'État. C’est plutôt au niveau de la communication que l’union pourrait faire la différence: «C’est seulement avec une affiche commune, au second tour par exemple, que nous arriverons à marquer des points collectivement», analyse-t-il.

Connivences forcées avec Maudet?

Et Pierre Maudet, avec son nouveau mouvement Liberté et justice sociale, dans tout cela? Car son programme, notamment son projet de caisse maladie publique, ainsi qu’un certain populisme et une aura anti-establishment, le rapprochent d’un coup du MCG. Du moins, sur le papier. «Je ne pense pas qu’une alliance avec lui va se faire au niveau de la campagne: Monsieur Maudet fait plutôt cavalier seul», affirme Philippe Morel. Un membre du parti ironise: «Il nous a piqué notre programme, en fait!»

Si Pierre Maudet venait à être élu, cependant, Philippe Morel affirme n’avoir aucun problème à œuvrer à ses côtés, reconnaissant une certaine convergence entre leurs lignes politiques: «Si l’intérêt du canton le nécessite, nous trouverons des idées communes, des forces communes et des voix communes. Je n’exclus pas une forme d’entente, au moins tacite si elle n’est pas formelle, sur les sujets les plus importants pour les Genevoises et les Genevois.»

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