Qui a dit que la politique suisse était terne et ennuyeuse? Pas un Genevois ou une Genevoise, en tout cas. Au bout du lac, alors que les élections cantonales d'avril 2023 approchent à grand pas, les politiques placent leurs pions et entrent en scène. Pas sans quelques petits coups de théâtre.
Celui qui se joue en coulisse: l'actuel ministre de la Sécurité, de la Population et de la Santé genevois, Mauro Poggia, élu sous la bannière du Mouvement citoyen genevois (MCG), ne se représentera pas en 2023, a appris Blick via plusieurs sources proches du ministre, qui entretenait jusqu'ici beaucoup de suspense sur ses intentions.
À 63 ans, celui qui est conseiller d'Etat depuis neuf ans et qui fut brièvement conseiller national, souhaite - toujours selon nos renseignements - poursuivre sa carrière politique à l'échelle nationale. Le très populaire politicien compterait en effet briguer le mandat d'une droite genevoise unie pour l'élection au Conseil des États, qui aura lieu en octobre 2023.
Pour satisfaire ses ambitions, Mauro Poggia a besoin que le MCG atteigne le quorum (fixé à 7%), afin que sa formation poursuive son aventure législative à Genève. C'est la raison pour laquelle le futur ancien ministre viendra doper la liste du mouvement citoyen dans l'élection au Grand conseil.
Une tête d'affiche sucrée au PLR
Qui prendra sa place sous la bannière du MCG, petit parti local, mais qui bénéficie pourtant – contrairement à l'UDC ou aux Vert'libéraux, par exemple – d'une représentation au sein du plus haut organe de la politique cantonale?
Celui qui rêve de succéder à Mauro Poggia n'est autre que le Pr Philippe Morel, directeur du Département de chirurgie des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), comme le confirment plusieurs de nos sources, dont une au sein du PLR auquel Philippe Morel vient d'annoncer sa démission, au profit du MCG. Selon toute logique, le chirurgien aura le même département de la santé en ligne de mire.
Un choix stratégique, si l'on en croit l'analyse d'une source libérale-radicale: n'ayant que des possibilités d'évolution restreintes dans la conjoncture actuelle du PLR qui a déjà ses têtes d'affiches, en désaccord avec son parti depuis l'affaire Maudet, le chirurgien a tout intérêt à passer dans une formation plus petite et donc plus ouverte à ses ambitions. Et surtout prête à faire de lui sa vedette.
Un rôle de vedette qui ira très bien à Philippe Morel, car l'homme est bien connu et très médiatisé en terres genevoises et romandes. «Après Eric Stauffer, après Mauro Poggia, le MCG se devait de lancer une figure forte et rassembleuse. Le choix est malin», commente un adversaire politique.
Notre autre interlocuteur au sein du PLR ne cache d'ailleurs pas sa déception: «Personnellement, je reconnais que cette annonce ne me réjouit pas. C'était un bon élément pour notre parti. Il a été élu à chaque fois qu'il s'est présenté, les gens le connaissent et l'apprécient...»
Contacté, Mauro Poggia n'a pas souhaiter commenter nos informations, stipulant qu'il communiquera son choix lors d’une conférence de presse avec son parti le mardi 8 novembre. Philippe Morel n'a pas souhaité s'exprimer.
