Oppression des Ouïghours
Le Parlement suisse doit examiner l'allégation de génocide contre la Chine

La Suisse n'a pas signé une déclaration qui dénonce les violations des droits de l'homme perpétrées en Chine contre la minorité à majorité musulmane du Xinjiang. Pour plusieurs spécialistes suisses de politique étrangère, le pays ne doit pas plier face à la Chine.
Publié: 24.10.2021 à 19:10 heures
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Dernière mise à jour: 24.10.2021 à 20:05 heures
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Un camp de travail forcé dans la province chinoise du Xinjiang. Jeudi, 43 États ont publiquement critiqué la Chine dans une déclaration lue à l'ONU. La Suisse n'en fait pas partie.
Photo: AFP
Simon Marti

Pas moins de 43 pays condamnent la répression chinoise contre les Ouïghours de la province du Xinjiang. Ils ont signé une déclaration lue jeudi à l’ONU à New York dénonçant les «violations généralisées et systématiques des droits de l’homme» à l’encontre de la minorité à majorité musulmane.

Les cas de torture, de stérilisation forcée et de violence sexuelle sont en augmentation, indique la déclaration. Parmi les signataires on trouve les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, l’Italie… mais pas la Suisse.

Berne a retiré sa signature, a rapporté la chaîne de télévision française France 24, en raison de la rencontre entre le conseiller américain à la sécurité Jake Sullivan et le chef de la diplomatie chinoise Yang Jiechi, il y a quinze jours à Zurich.

Du point de vue de Pékin, cela semble une décision particulièrement diplomatique. Mais du point de vue de la promesse du conseiller fédéral Ignazio Cassis de représenter plus fermement ses propres valeurs vis-à-vis de la Chine, cela ressemble plutôt à une marche arrière.

Berne assure être préoccupé

Contacté par le SonntagsBlick, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) répond que: «Si la Suisse s’est associée par le passé à diverses déclarations conjointes sur la situation des droits de l’homme en Chine, elle s’est abstenue de s’y associer cette fois-ci en raison de son rôle d’État hôte d’importants entretiens.» Le pays reste toutefois préoccupé par la situation des droits de l’homme au Xinjiang et dans d’autres régions de Chine.

Sur les ondes de la radio alémanique SRF, le secrétaire d’Etat adjoint du DFAE, Johannes Matyassy, a démenti le fait que Berne se serait incliné devant Pékin.

Les experts en politique étrangère ne sont pas du même avis: l’importance de la Suisse en tant que médiateur est incontestée, affirme le conseiller national PS Fabian Molina. «Mais ce rôle ne doit pas être utilisé comme une excuse. Lorsque les droits de l’homme sont en jeu, les pirouettes diplomatiques sont inacceptables.»

«Nous ne devons pas faire d’exception pour la Chine»

Le président de la Commission de politique extérieure (CPE) du Conseil des États et collègue de parti d’Ignazio Cassis, Damian Muller, abonde dans ce sens: «La Suisse a une longue tradition de médiateur. Mais cela n’exclut pas un engagement clair en faveur des droits de l’homme.» Au contraire, c’est l’une des raisons pour lesquelles elle cherche à obtenir un siège au Conseil de sécurité de l’ONU. «Nous ne devons pas faire d’exception pour la Chine.»

La décision de ne pas signer la déclaration pourrait être discutée par la CPE du Conseil national dès la semaine prochaine, comme l’explique sa présidente Tiana Angelina Moser. En novembre, la CPE tiendra également des auditions d’experts établir si oui ou non les actions de la Chine au Xinjiang relèvent du génocide.

Pour Tiana Moser, «il ne serait pas opportun d’anticiper cette discussion». «Mais la violation des droits de l’homme à grande échelle en Chine ne fait désormais plus aucun doute.»

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