La richesse est inégalement répartie dans le monde. Comme l'atteste la répartition des super-riches, au niveau mondial comme en Suisse. Actuellement, notre pays compte 152 milliardaires. Parmi eux, 41 disposent d'un passeport suisse, le reste étant des immigrés. Bien que la Suisse ne représente que 0,1% de la population mondiale, elle abrite 5% de tous les milliardaires.
Les conditions de vie helvétiques sont l'un des facteurs qui séduit les super-riches, explique Christoph Hauser, professeur d'économie régionale à la Haute école de Lucerne (HSLU): «Une sécurité élevée, des soins de santé et une éducation de très bonne qualité, des institutions prévisibles, une politique économique fiable et la paix sociale. Ce sont des choses qui font de la Suisse un havre de paix pour les millionnaires et milliardaires.»
Quatre cantons sans super-riches
Les riches sont répartis de manière assez inégale au sein même de la Suisse, comme le montre la dernière liste des 300 plus riches établie par «Bilan». En tête, on retrouve le canton de Zurich, qui compte – et de loin – le plus grand nombre des fortunes de la liste (57), suivi de Genève (32), Schwytz (26) et Vaud (23). A noter que ces deux derniers profitent du fait qu'ils se situent à proximité des régions de Zurich et de Genève, qui bénéficient, elles, d'un rayonnement international. «Les personnes riches ont souvent un réseau professionnel ou privé qui est très international. La proximité d'un aéroport est donc également un critère important», explique Christoph Hauser.
Pour preuve, le côté international et la proximité d'un aéroport font justement défaut aux quatre cantons qui n'accueillent aucun des 300 super-riches sur leur territoire. Il s'agit d'Appenzell Rhodes-Intérieures, du Jura, de Neuchâtel et d'Uri. Blick les a tous contactés, mais aucun ne s'est vraiment plaint de l'absence de ses grandes fortunes.
Seul le canton du Jura a fourni une explication sur ce manque d'attractivité: «Il y a certainement des aspects très généraux, comme l'absence de lac ou encore l'absence de grands centres urbains sur le territoire cantonal», estime le canton romand. Il profite discrètement de l'occasion pour faire sa propre publicité: «D'autre part, les avantages que nous avons pour la classe moyenne, comme par exemple les prix très avantageux des terrains ou de l'immobilier, ne sont pas vraiment un argument pour les personnes particulièrement riches.»
Un entre soi
Cela peut surprendre, mais les aspects fiscaux ne semblent pas constituer une priorité dans le choix du lieu de résidence des super-riches. Ce choix dépend souvent de la situation de vie personnelle, explique Christoph Hauser. «Pour certains, les impôts sur les successions sont décisifs, pour d'autres moins. Pour d'autres, les impôts sur les entreprises sont plus importants, tandis que certains s'intéressent plutôt aux impôts sur le revenu. Mais tous veulent une chose: la prévisibilité.»
Comme beaucoup d'autres, les super-riches sont soucieux de maintenir leur sécurité financière et aiment rejoindre leurs semblables: «Avant de s'installer dans un lieu, l'une des conditions préalables est qu'il doit exister des biens immobiliers de qualité dans des endroits exclusifs», explique l'économiste régional Christoph Hauser. «Si une villa coûteuse se trouve un jour quelque part, il est fort probable que des personnes fortunées y logent durablement. Les riches attirent les villas, et les villas attirent les riches.»
Zoug en milieu de classement
Selon Christoph Hauser, une infrastructure exclusive se développe généralement autour des villas, des restaurants haut de gamme, des écoles et des banques privées. Ce qui peut conduire à une répartition inégale des super-riches, même au sein d'un canton. On le voit par exemple à Berne (18 super-riches) ou dans les Grisons (16), où la plupart d'entre eux résident dans les lieux prisés de St-Moritz ou de Gstaad – et non pas dans les capitales de Berne ou Coire.
La grande surprise du classement est Zoug. Le canton est généralement considéré comme un paradis fiscal et attire de très nombreuses personnes fortunées. Mais sur la liste des 300 plus riches, seuls 16 d'entre eux ont posé leurs valises au bord du lac de Zoug. Un chiffre aussi élevé que dans les Grisons, mais nettement inférieur que chez le voisin de Schwytz. Par ailleurs, les super-riches grisons, avec une fortune totale estimée à plus de 65 milliards de francs, sont bien plus riches que leurs collègues zougois, qui réunissent un peu plus de 38 milliards de francs.