Nouvelles habitudes après la pandémie
Les Suisses mangent à nouveau plus de viande!

Durant la pandémie, la consommation de viande s'est déplacée du bistrot à la maison. Les détaillants et les boucheries annoncent des ventes record, brisant une baisse de la consommation de viande ininterrompue depuis 40 ans.
Publié: 12.02.2022 à 08:42 heures
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«Notre chiffre d'affaires a nettement augmenté pendant la pandémie», déclare Walter Reif, propriétaire de la boucherie Reif à Zurich.
Photo: Fabio Giger
Martin Schmidt

Walter Reif ne se souvient pas avoir déjà vécu une telle situation au cours des 30 dernières années: pendant la pandémie, des files entières de clients attendaient, patiemment, devant sa boucherie Reif, à Zurich, pour pouvoir faire leurs achats. Alors certes, la viande était appréciée par les Suisses avant que le Covid ne se déclare. Sauf qu'ils dégustaient plutôt une entrecôte ou une saucisse à rôtir au restaurant. Désormais, ils prennent eux-mêmes le soin de les cuisiner chez eux. «Notre chiffre d’affaire a nettement augmenté pendant la pandémie», assure Walter Reif.

Les détaillants suisses, les discounters et les magasins spécialisés réalisent des chiffres d’affaires record en matière de produits carnés. Bell a présenté vendredi le meilleur résultat commercial de l’histoire de l’entreprise. Le groupe alimentaire a surtout progressé dans son activité principale, les produits «convenience» (c'est-à-dire les produits de consommation courante, préparés et/ou transformés ndlr.) et les produits carnés. Le géant de l'industrie agro-alimentaire a enregistré son plus grand bond en avant dans la volaille. Le chiffre d’affaires du groupe est passé à 4,2 milliards de francs (+3,2%) et le bénéfice annuel à 129,5 millions de francs (+10%). Une augmentation qui s'opère malgré la tendance aux saucisses végétariennes et au poulet végétal. Après avoir diminué pendant des années, la consommation de viande s’est maintenant stabilisée à un peu plus de 50 kilos par personne par an. La forte demande fait par ailleurs grimper les prix de la viande dans le commerce de détail.

«Accueillir des hôtes est à nouveau tendance».

Selon Bell, la tendance se maintient. Les gens continueront de cuisiner à la maison plus souvent qu’avant la pandémie. C’est également ce que constate le propriétaire de la boucherie Walter Reif. «Au début, je pensais qu’il s’agissait d’un engouement de courte durée. Mais les gens ont découvert la cuisine à domicile. Recevoir des invités est à nouveau tendance». Avec le télétravail et la fermeture des bistrots, les gens ont changé leurs habitudes. Le chiffre d’affaires de la boucherie Reif surpasse clairement le niveau d'avant pandémie. «Nous avons gagné beaucoup de nouveaux clients», souligne-t-il. Walter Reif a dû augmenter son personnel afin de pouvoir faire face à cette plus grande demande.

Le commerce de détail suisse réalise désormais un chiffre d’affaire de plus de cinq milliards de francs avec les produits carnés, la viande étant ainsi le produit générant le plus de chiffre. Les Suisses dépensent plus d’un franc sur six pour cette catégorie. Pratiquement tous les secteurs ont pu profiter de ce bond de la demande, qu’il s’agisse de bœuf, de porc ou de spécialités comme les saucisses, le jambon et la viande séchée. Rien qu’avec les produits à base de volaille, les magasins réalisent un chiffre d’affaire de près d’un milliard de francs, avec une tendance à la hausse.

Plus de temps en cuisine

Walter Reif et son équipe constatent par ailleurs que la clientèle passe visiblement plus de temps en cuisine: «Nous avons vendu moins de convenience food (déjà préparés) et nettement plus de produits avec un temps de préparation nettement plus long» assure-t-il. Les pièces de choix ou les rôtis auraient le vent en poupe. Les clients se rendent dans son magasin avec des idées beaucoup plus claires. «C’est presque comme il y a 30 ans. Beaucoup de clients apportent un papier sur lequel figure un plan précis de ce qu’ils veulent cuisiner».

(Adaptation par Thibault Gilgen)


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