Ce sont des scènes oppressantes qu'un lecteur de Blick a filmées après le drame dans le quartier 11 de Zurich. Elles ont été prises quelques instants seulement après que l'étudiant chinois Han L.* a poignardé trois enfants d'une garderie mardi midi avec une arme blanche. L'agresseur a blessé gravement un garçon et moyennement deux autres. «J'ai entendu des cris d'enfants, explique le lecteur. C'était vraiment de la peur.»
Sa vidéo commence avant même l'arrivée de la police. L'auteur présumé du coup de couteau est assis par terre, plusieurs personnes le tiennent en respect. Des voix d'enfants se font entendre à plusieurs reprises.
Des hommes discutent avec Han L., mais il est difficile de comprendre ce qui se dit. «Tu as une arme?», demande quelqu'un en anglais. «No, no», est la réponse qui semble venir de l'agresseur. «Je ne suis plus un danger», dit-il d'une voix calme. «Relax», entend-on d'un homme qui met les bras dans le dos de l'agresseur au couteau. «What are you doing – qu'est-ce que tu fais?», s'exclame-t-il indigné en montrant un endroit où des enfants de maternelle sont en train d'attendre. La réponse de l'agresseur est incompréhensible. Le motif de cet acte insensé reste lui aussi totalement flou.
Sur les lieux du crime, on se rend pourtant compte mercredi à quel point l'attaque préoccupe les habitants du quartier. De nombreux parents accompagnent leurs enfants, l'ambiance est pesante. Personne ne peut ou ne veut parler de ce terrible incident. La crèche est protégée par plusieurs policiers.
Pour ne rien apaiser, l'individu arrêté habite à proximité immédiate de la garderie, dans une résidence universitaire. Les habitants le décrivent comme «retiré». Une des voisines déclare à Blick: «Il était très calme et on n'a jamais entendu parler de lui. Je n'ai jamais remarqué non plus qu'il avait reçu de la visite. Normalement, on entend quand notre voisin va et vient.» De nombreux autres habitants de l'immeuble n'ont rien à dire sur le jeune Chinois.
«Un homme timide»
On sait que l'individu a fait un master en linguistique informatique et technologie du langage à l'Université de Zurich. Blick a pu s'entretenir mercredi avec des camarades de classe. Des rumeurs ont déjà circulé selon lesquelles Han L. pourrait être l'auteur présumé des faits. Une étudiante qui a suivi plusieurs cours avec lui explique: «Nous sommes tous sous le choc. C'était un homme si gentil et si timide.» Elle ajoute: «Nous sommes censés continuer à étudier comme d'habitude. Mais c'est difficile.»
Une autre camarade de Han L., étudiante en première année, déclare: «Nous sommes tous choqués, voire traumatisés.» Elle décrit ainsi l'auteur présumé des faits comme étant «manifestement timide et introverti. Il ne parlait pas beaucoup».
En Suisse depuis l'été 2023
Mercredi en début d'après-midi, le procureur général du canton de Zurich a confirmé que l'agresseur était un étudiant chinois. Il séjourne en Suisse depuis l'été 2023 pour ses études. Sur son profil Facebook, le jeune homme ne donne pas beaucoup d'informations. Il indique seulement qu'il est originaire de la mégapole de Chengdu.
Mais Han L. était beaucoup plus actif sur Instagram: juste avant son acte, il a posté 15 photos et un texte confus qui parle d'amour perdu. Les images postées célèbrent la grande puissance chinoise. Elles sont accompagnées de la chanson «Cœurs de l'Armée rouge». Le jeune homme a commis son acte précisément le jour de la fête nationale chinoise, le 1er octobre.
Han L. fait preuve de patriotisme
Han L. faisait souvent preuve de patriotisme. Il y a quelques jours, il a posté une capture d'écran d'un mail sur une manifestation concernant la souveraineté de Taïwan à l'Université de Zurich. Il écrivait: «Honte à l'indépendance de Taïwan. La province de Taïwan appartient à la Chine.»
Selon le parquet général, le prévenu a avoué les faits lors de son interrogatoire. Il n'y aurait aucun indice indiquant qu'une tierce personne est impliquée dans son crime. Le parquet a déposé une demande de mise en détention provisoire. Le tribunal des mesures de contrainte va maintenant statuer sur cette demande.
Malgré cet incident dramatique, un soupire de soulagement: les trois garçons blessés sont hors de danger ce mercredi.
* Nom modifié