«Nous nous sommes trompés»
Voilà que les socialistes ne veulent plus d'un désarmement!

L'invasion russe en Ukraine changera-t-elle la politique de sécurité du pays? Le Parti socialiste, qui milite de longue date en faveur d'une réduction de l'armement, change son fusil d'épaule. «Ce n'est plus une option», confie une conseillère nationale soleuroise.
Publié: 28.02.2022 à 10:51 heures
"Nous nous sommes trompés lorsque nous avons affirmé que les guerres d'agression territoriale n'étaient pas un scénario réaliste", concède la conseillère nationale socialiste Franziska Roth.
Photo: Keystone
Daniel Blalmer

C’est une interview accordée à la presse alémanique qui est très symbolique. Franziska Roth, conseillère nationale socialiste soleuroise, le reconnaît: «Nous nous sommes trompés en affirmant que les guerres d’agression territoriales n’étaient plus un scénario plausible. La réalité est malheureusement différente», a-t-elle répondu au «Nebelspalter».

Les discussions devraient se concrétiser le 9 mars, lors de la séance de la Commission de la politique de sécurité (CPS) du Conseil national. L’objectif: redonner plus de poids au scénario de la «guerre d’agression». Ainsi, chars et artillerie ne devraient plus appartenir au passé, comme le voulait le PS jusqu’ici.

«Je suis arrivée à la conclusion que le désarmement des moyens de combat militaires conventionnels ne constitue plus une option pour le moment», confirme Franziska Roth. Une décision prise en accord avec les autres membres de la CPS. «Nous devrons adapter le rapport sur la politique de sécurité», assure-t-elle.

Les sanctions restent privilégiées

Jusqu’à récemment, le camp rose-vert martelait son opposition à l’armement. «Nous refusons les 438 millions pour les chars. Il n’existe pas de scénario plausible justifiant le maintien d’un si grand nombre de blindés. L’époque des guerres de mouvement est révolue», assuraient le PS et les Verts ces derniers mois. La guerre en Ukraine vient de prouver le contraire.

Cela étant, des scénarios tels que les cyberattaques ou le terrorisme ne doivent pas être négligés, assure Franziska Roth. «Mais tant que des dictateurs mènent des guerres d’agression conventionnelles en Europe, ce serait un mauvais signal de désarmer nos moyens de combat classiques», analyse la Soleuroise.

À court terme, il est plus important que le Conseil fédéral reprenne intégralement les sanctions de l’Union européenne à l’encontre de la Russie, tempère la socialiste. «Car il faut aussi garder à l’esprit que le blocage des comptes bancaires et le gel des avoirs contribuent dix fois plus à la sécurité de la Suisse et de l’Europe que d’attendre les attaques russes au bord du Rhin avec des chars de grenadiers.»

Toujours opposés au F-35

Malgré cette volte-face sur les chars, la position du PS ne change pas au sujet du nouvel avion de combat: la gauche (et le Groupe pour une Suisse sans Armée) continuera de récolter des signatures pour le référendum «Stop F-35». «Je suis convaincue que les forces aériennes ont besoin de nouveaux avions de combat. Mais le F-35 n’est pas le bon avion», justifie Franziska Roth. Pour la Soleuroise, la Suisse n’a pas pour mission de défendre les frontières extérieures de l’OTAN.

Une conclusion diamétralement opposée à celle du président du PLR, Thierry Burkart. Sur Twitter, l’Argovien n’a pas attendu longtemps après l’invasion russe en Ukraine pour réclamer l’arrêt du référendum. «L’argumentation selon laquelle il n’y aurait plus de guerre conventionnelle en Europe est manifestement fausse. La Suisse a besoin de plus de sécurité!», a plaidé le chef du parti libéral-radical.

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