C’est une annonce aussi surprenante qu’inhabituelle. Sur la page Facebook de Pet Alert Vaud, 50 moutons sont portés disparus ce dimanche aux Caudreys, non loin du Sépey. Inutile de relire cette phrase, vous ne rêvez pas: un troupeau entier s’est volatilisé dans les Alpes vaudoises. Sans laisser aucune trace. La faute à un discret prédateur avide de viande fraîche? À d’ambitieux voleurs de bétail bien équipés? À un enclos mal sécurisé?
Au bout du fil, ce mardi matin, Guy Baumberger est interloqué. L’éleveur des ruminants, qui valent entre 300 et 350 francs par tête, indique que quelque chose ou quelqu’un a certainement effrayé les animaux. «Il n’y avait aucun trou dans la barrière, assure-t-il. Donc les moutons ont dû paniquer d’un coup et sauter par-dessus.»
Il marque une courte pause avant de reprendre son récit. «Il a fallu des heures et des heures de recherches, mais j’ai retrouvé ce lundi la majorité des moutons en dessous du Mont d'Or, presque tout en haut de la montagne. Il n'y avait aucune carcasse, glisse celui qui est installé sur la commune d’Ormont-Dessus. Il me manque une quinzaine de bêtes, mais je n’ai malheureusement pas les moyens de continuer la battue dans cette région, qui est vaste...»
Un lynx dans le viseur?
Car l’agriculteur de profession, qui possède aussi quelques vaches Highland, a dû s’entourer de six personnes et d’un drone équipé d’une caméra thermique pour retrouver la trace de son cheptel. «Rien que la location du drone m’a coûté 500 balles, souffle Guy Baumberger. Heureusement, grâce à ma fille qui a publié l’annonce sur les réseaux sociaux, des gens se sont mobilisés. J’espère avoir encore deux ou trois bonnes nouvelles dans les prochaines heures. Je pense qu’on va les retrouver!»
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L'épisode n'a pas été sans effet sur la trentaine de moutons récupérés: les ovins sont terrorisés. L’éleveur confie avoir de la peine à les approcher et ne rien pouvoir en faire. Alors, jouons au jeu des pronostics. Qu’est-ce qui les a le plus probablement traumatisés?
Si l’éleveur concède ne pas avoir vu de loup depuis plusieurs années, il assure que le lynx est bien implanté dans le coin et que, chaque année, une ou deux de ses bêtes y passent. Le Vaudois a d’ailleurs réussi à filmer le majestueux félin l’année dernière, alors qu’il passait juste à côté de ses génisses. En témoignent ses images ci-dessous.
Une présence marquée dans la région suffit-elle au fantôme de la forêt pour devenir le coupable idéal? «C’est effectivement peut-être un lynx qui a tenté une attaque, tâtonne le paysan. Je préfère cet animal au loup qui, lui, ne termine jamais ses carcasses. Mais, à ce stade, toutes les autres hypothèses restent ouvertes: un loup à quatre roues, un vrai loup ou même totalement autre chose?» Le mystère reste entier. Pour l’instant.