Mustafa Atici, conseiller national socialiste
Le pionnier du kebab qui veut devenir conseiller fédéral

Il ne voulait venir en Suisse que pour étudier. Mais le Kurde est resté. Il a non seulement créé une entreprise ici, mais a également fait carrière en politique. Il lance cet appel aux migrants: impliquez-vous davantage!
Publié: 18.09.2023 à 06:07 heures
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Dernière mise à jour: 19.09.2023 à 08:54 heures
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Mustafa Atici est présent au stade chaque jour de match du FC Bâle et vend des kebabs, des bretzels, de la bière et des saucisses.
Photo: STEFAN BOHRER
Lea Hartmann et Stefan Bohrer

Lorsque le FC Bâle égalise à la 96e minute en ce dimanche après-midi, la journée de Mustafa Atici, 53 ans, est sauvée. La bière coule à flot, les affaires vont bon train, notamment grâce à la météo radieuse. Contrairement à la demande de kebab, qui est relativement facile à planifier, la consommation de bière dépend entièrement de ce que l'équipe fait sur la pelouse. «Si le FCB est en tête, nous vendons beaucoup plus et il y a moins de réclamations», explique Mustafa Atici.

Le quinquagénaire vend des kebabs depuis l'ouverture du stade en 2001. Ce Kurde d'origine est actif au sein du Parti socialiste depuis tout aussi longtemps. D'abord dans l'association de quartier du PS, puis longtemps comme député au Grand Conseil et vice-président du parti cantonal. En 2019, Mustafa Atici a même réussi — à sa quatrième tentative — à faire le saut au Conseil national. Alors que les migrants sont nettement sous-représentés en politique dans toute la Suisse, le petit canton de Bâle-Ville compte actuellement, avec Mustafa Atici et la Verte Sibel Arslan, deux conseillers nationaux qui sont nés et ont grandi en Turquie.

Une candidature avec des arrière-pensées

Maintenant, le vendeur de kebabs veut devenir conseiller fédéral. Mustafa Atici a été le premier à montrer son intérêt pour la fonction, après l'annonce de la démission d'Alain Berset. Il est temps d'avoir un conseiller fédéral issu de l'immigration, a-t-il affirmé pour justifier sa démarche.

Mustafa Atici est suffisamment réaliste pour savoir qu'il se lance dans la course en tant qu'outsider absolu. Il ne cache pas qu'il a lancé sa candidature pour attirer l'attention sur ses préoccupations. Il ne s'agit pas seulement de la participation politique des migrants, mais aussi et surtout de la politique de formation.

Et bien sûr, Mustafa Atici espère que sa candidature l'aidera à se faire réélire au Conseil national. Le socialiste bâlois tremble un peu, car le canton de Bâle-Ville doit céder à Zurich l'un des cinq sièges qu'il détenait jusqu'à présent au Conseil national, en raison de la diminution de sa population.

Le rôle détesté de victime

En ce dimanche de football radieux, le fan du FC Bâle, dont la femme et les deux fils âgés de 18 et 23 ans travaillent également au stade les jours de match, n'a cependant pas envie de ruminer la menace d'un départ. Il n'aime pas se concentrer sur le négatif. C'est particulièrement vrai lorsqu'il s'agit de ses expériences en tant qu'immigré. Mustafa Atici déteste «jouer le rôle de la victime». Une phrase que tous ceux qui parlent avec lui savent sincère.

Mustafa Atici ne parlait pas un mot d'allemand, lorsqu'il est venu étudier à Bâle au début des années 90, à l'âge de 23 ans, là où vivaient déjà plusieurs de ses huit frères et sœurs. Il a étudié les sciences économiques, avant d'obtenir un master en études européennes.

Le projet initial de retourner en Turquie pour une carrière académique après ses études a été rapidement oublié. Au lieu de cela, Mustafa Atici a ouvert le premier kebab de Bâle en 1996. Un voyage à Londres, où il avait vu de telles enseignes, lui a donné des ailes. Aujourd'hui, il est non seulement gérant de plusieurs stands de restauration rapide au stade de football de Bâle, mais aussi conseiller pour un grossiste en produits alimentaires.

«Nous devons nous impliquer!»

La carrière professionnelle et politique de Mustafa Atici témoigne de sa persévérance et de son assiduité. Cette attitude, qui consiste à prendre son destin en main, il l'attend aussi des autres migrants.

«Nous ne devons pas seulement encourager les migrants, nous devons aussi les solliciter», estime-t-il. Si aussi peu de personnes issues de l'immigration font de la politique, elles en sont elles-mêmes en partie responsables. «Nous devons nous impliquer!»

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