«Toujours prêt»: c'est la devise des scouts. Une alliance bourgeoise souhaiterait, elle aussi, que l'armée soit toujours prête à agir. Pour qu'un soldat puisse rapidement être mobilisé, des associations militaires et des partis politiques estiment qu'il doit pouvoir ramener chez lui non seulement son arme, mais aussi ses munitions. L'argument: une situation sécuritaire qui n'a jamais été aussi tendue en Europe depuis la Guerre froide.
Depuis 2007 déjà, les militaires n'ont plus le droit de stocker les munitions chez eux. Le Conseil fédéral et le Parlement avaient pris cette décision à cause de la multiplication des suicides avec des armes militaires.
Le sujet est sensible et politique. Le chef de l'armée, Thomas Süssli, avait d'ailleurs été critiqué pour avoir soutenu une revendication dans ce sens sur le réseau social LinkedIn. Le fait que le boss de l'armée s'immisce dans les questions politiques n'a pas du tout été bien accueilli.
Une situation sécuritaire tendue
Mais les milieux bourgeois ont le même objectif en ligne de mire. Soutenus par la Fédération des sociétés militaires suisses (FSM) et la Fédération sportive suisse de tir (FST), le conseiller aux Etats de l'Union démocratique du centre (UDC) Werner Salzmann, ainsi que son collègue de parti, le conseiller national Walter Gartmann, préparent des interventions en ce sens au Parlement. Ils l'ont confirmé à Blick. «L'évolution de l'Europe et le réarmement de nos voisins exigent que la Suisse agisse, elle aussi, et fasse en sorte de rendre son armée à nouveau apte à la défense», explique Walter Gartmann.
Werner Salzmann relève le fait que le risque d'une attaque aérienne est considéré comme réaliste par le Conseil fédéral et la direction de l'armée. Par ailleurs, le service de renseignement considère également que le risque terroriste reste élevé. Raisons pour lesquelles l'armée pourrait être rapidement appelée à protéger des infrastructures critiques. «Nous ne voulons pas peindre le diable sur la muraille, mais la situation sécuritaire s'est drastiquement aggravée», souligne de sonc côté le président de la Fédération des sociétés militaires suisses (FSM), Stefan Holenstein.
«Il ne faut pas être désarmé au moment le plus décisif»
«Mais aujourd'hui, l'armée n'est que partiellement en mesure de proposer des munitions de manière décentralisée», fait remarquer Werner Salzmann. Equiper rapidement les soldats en cas d'urgence est un véritable défi logistique. «Nous ne devons pas être désarmés au moment le plus décisif», ajoute Stefan Holenstein. «Pour une défense crédible, il faut des mesures préventives.»
Le Conseil fédéral avait déjà expliqué en 2007, lors de l'introduction de la munition de poche, que cette décision dépendait de la politique sécuritaire du moment, rappelle l'élu UDC Walter Gartmann. Il estime qu'il est temps de revenir sur cette décision. Le colonel Stefan Holenstein ne s'inquiète pas des risques que peuvent engendrer des munitions stockées à domicile: «En tant que citoyen et soldat de milice, le Suisse est depuis toujours suffisamment responsable.»
Mais au Parlement, pas tout le monde ne partage cet avis. La gauche, par exemple, milite pour une loi stricte sur les armes. Mais l'alliance bourgeoise se montre optimiste: Stefan Holenstein dit chercher le dialogue avec tous les partis.