La nouvelle loi sur le cinéma est en vigueur en Suisse depuis le début de l'année. Les services de streaming et les chaînes privées étrangères sont donc désormais soumis à une nouvelle obligation d'investissement: les fournisseurs comme Netflix, Disney, Amazon Prime, Sky et Paramount doivent investir 4% du chiffre d'affaires réalisé ici dans la création cinématographique suisse.
Netflix et consorts avaient jusqu'à fin mars pour déclarer leur chiffre d'affaires à l'Office fédéral de la culture (OFC). Interrogé à ce sujet, l'OFC a répondu qu'ils s'étaient acquittés de cette obligation. Blick a donc voulu savoir combien d'argent supplémentaire l'industrie cinématographique suisse pouvait attendre de ces entreprises internationales.
Trois films supplémentaires grâce à la loi sur le cinéma?
Avant la votation, l'OFC avait estimé qu'environ 18 millions de francs supplémentaires pourraient ainsi être injectés dans la création cinématographique. «Aujourd'hui, on peut dire que ces estimations sont probablement correctes», déclare Laurent Steiert, coresponsable de la section Cinéma de l'OFC. Il n'est pas possible d'être tout à fait précis aujourd'hui, car des clarifications sont encore en cours.
De plus, on ne découvrira que l'été prochain ce que les entreprises ont réellement investi. Les entreprises qui n'investissent pas elles-mêmes dans la création cinématographique en Suisse peuvent également verser une taxe de remplacement à la Confédération.
Les experts estiment qu'avec 18 millions, on peut financer environ trois films. C'est l'une des raisons pour lesquelles il n'y a actuellement pas d'euphorie dans le secteur cinématographique suisse. «Jusqu'à présent, j'observe surtout que les plateformes de streaming font plus souvent référence aux films suisses, et que certains se sont procuré des licences pour d'anciens films comme Heidi ou Schellen-Ursli», explique Lukas Hobi, de la société de production cinématographique Zodiac Pictures.
Pour l'instant, les grandes annonces concernant de nouveaux projets de films de Netflix et autres en Suisse se font encore attendre. Les services de streaming contactés n'ont pas souhaité prendre position auprès de Blick sur leurs plans d'investissement.
Les contributions des fournisseurs de streaming ne se font guère sentir
La question se pose donc inévitablement de savoir si la nouvelle loi sur le cinéma apporte vraiment des améliorations pour le public cinématographique local. L'année dernière, la SSR a investi plus de 50 millions de francs dans le cinéma suisse et a ainsi coproduit 190 films et séries. Selon l'Office fédéral de la statistique, les pouvoirs publics ont soutenu le cinéma et les films à hauteur de plus de 100 millions supplémentaires en 2021. La contribution de Disney, Sky et Netflix n'est donc rien en comparaison.
Chaque million supplémentaire est le bienvenu, défend Matthias Aebischer, conseiller national PS et président de Cinésuisse, l'association faîtière de la branche suisse du cinéma et de l'audiovisuel, pour qui l'obligation d'investir est une bonne chose. «Avec quelques millions, Netflix peut déjà filmer une série suisse qui peut devenir un hit». En outre, la force de la loi sur le cinéma se manifeste aussi dans le fait que les films suisses apparaissent de plus en plus sur des plateformes sur lesquelles, il y a quelques années encore, on ne voyait presque que des films américains.
En tant que référendaire, Matthias Müller, s'est d'abord battu contre la loi sur le cinéma. Aujourd'hui, il part du principe qu'à l'avenir, les plateformes devront investir encore plus d'argent dans le cinéma suisse que les 18 millions de francs actuellement mentionnés. «Je crains que les entreprises de streaming n'augmentent encore les prix des abonnements à cause de cette taxe sur le cinéma», déclare le membre du PLR.
Pour lui, il est clair que le cinéma suisse devra lui aussi s'acquitter de sa tâche s'il reçoit toujours plus d'argent: «Je veux voir des films suisses qui ont du succès sur le plan commercial et qui gagnent des Oscars», a déclaré Matthias Müller.