La faute à la restructuration
Voici 9 promesses que Migros n'a pas respectées envers ses clients

Migros fait marche arrière sur plusieurs fronts par rapport à ce qu'elle avait annoncé autrefois. Et ses clients sont parmi les premiers à en faire les frais.
Publié: 10.04.2025 à 07:09 heures
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Dernière mise à jour: 10.04.2025 à 07:24 heures
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Le patron de Migros repositionne le détaillant.
Photo: keystone-sda.ch
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Caroline Freigang

La grande restructuration du groupe Migros n'a pas seulement des conséquences pour ses employés mais aussi pour ses clients. Ses standards ont été assouplis, des produits bon-marchés supprimés, et de nombreux engagements abandonnés. Voici 9 promesses que le géant orange a décidé de ne pas tenir.

1

Le bien-être animal au second plan

Migros veut que sa viande devienne moins chère. Alors elle fait des concessions sur le bien-être animal. Par exemple, elle ne garantit plus les mêmes normes pour la viande importée que pour la viande suisse. Une décision vivement critiquée par les défenseurs de la cause animale et de la protection des consommateurs.

En effet, jusqu'à présent, Migros n'importait que de la viande de bétail élevé selon les exigences suisses. Pour les consommateurs, c'était un indicateur auquel se fier pour acheter de la viande importée et produite dans le respect du bien-être animal.

«L'assouplissement des normes est une décision incompréhensible», déclare Sara Stalder de l'association de protection des consommateurs Konsumentenschutz. «Les clients avec un petit budget devraient aussi pouvoir acheter de la viande produite dans le respect des animaux.» Migros répond aux critiques en assurant que son assortiment de viande provient en très grande partie de Suisse et que les importations respectent en tout cas la loi suisse sur la protection des animaux.

2

Des normes bio différentes

En 2022, Migros avait annoncé exiger des normes plus élevées de Bio Suisse pour les produits importés. Mais désormais, elle fait marche arrière et ce, au détriment des consommateurs. «La mélange de labels bio désavantage les labels avec une production très exigeante, leurs standards élevés pourraient donc être revus à la baisse», explique Sara Stalder.

En réponse, Migros affirme continuer à miser sur les produits bio, surtout les produits locaux pour renforcer l'agriculture biologique suisse et avec leur étiquette «Migros Bio», les clients reconnaissent immédiatement ces produits.

3

La menace des OGM

Jusqu'à présent, Migros affirmait qu'aucun produit génétiquement modifié n'était présenté dans ses rayons. Mais cette promesse ne semble pas être tenue aujourd'hui. Comme son concurrent Coop, Migros a adhéré dès 2022 à l'association «Variétés pour demain». Cette association œuvre pour que les nouveaux procédés de génie génétique, comme l'édition du génome, ne soient plus soumis au strict moratoire sur les OGM.

Selon Konsumentenschutz, les consommateurs devront sans doute à l'avenir être plus attentifs à ce qu'ils achètent s'ils veulent éviter les produits génétiquement modifiés. «Il y a même le risque que ces nouveaux OGM ne doivent pas déclarés», déclare Sara Stalder.

Migros rétorque qu'elle ne propose toujours pas de produits contenant des OGM, que ce sera toujours le cas. Selon, les scientifiques, les nouveaux procédés ne présenteraient en outre pas de risques plus importants que les méthodes de culture conventionnelles. Migros assure donc ne pas comprendre la critique de Konsumentenschutz.

4

Une stratégie pas si durable

Migros a annoncé récemment qu'elle garderait sa stratégie de développement durable et son objectif de zéro émission de gaz à effet de serres d'ici à 2050. Mais à nouveau, cette promesse semble avoir été délaissée, notamment pour la viande.

En effet, les produits responsables de la déforestation ne devraient plus être vendus, c'est le cas de la viande de bœuf en provenance du Brésil. Pourtant, un coup d'œil dans les rayons de Migros suffit pour voir que cette viande est toujours en vente. A cette contradiction, Migros répond que la viande en question provient de régions du Brésil «qui ne sont pas touchées par la déforestation».

Sara Stalder est plus sceptique: «Migros déclare que le développement durable devra à l'avenir passer au second plan par rapport aux petits prix, alors que pendant des années, leur stratégie a fait comprendre aux consommateurs que Migros voulait jouer un rôle important en matière de protection de l'environnement.»

5

La fin du Nutri Score

En 2021, Migros avait introduit le Nutri-Score sur ses produits et grâce à elle, ce système a peu à peu convaincu les consommateurs en Suisse, explique Konsumentenschutz. En effet, Migros a fabriqué de nombreux produits qu'elle a également étiquetés avec le Nutri-Score, ce qui a contribué à son succès et sa notoriété. Mais l'année dernière, Migros a décidé de supprimer le Nutri-Score.

C'est un grand recul, d'après Konsumentenschutz. «Les consommateurs sans grandes connaissances en matière d'alimentation pouvaient, grâce au Nutri Score, reconnaître en un coup d'œil l'impact d'un produit sur leur santé», explique Sara Stalder. Mais avec la suppression de ce barème, cela ne sera plus possible. 

Migros explique cette décision par le fait que le Nutri-Score n'est pas encore suffisamment connu en Suisse, qu'il suscite de nombreuses questions et que l'intégrer ou l'adapter sur les emballages demande beaucoup de travail.

6

Au revoir les petits prix

Alors que Migros veut baisser les prix de 1000 produits, l'enseigne supprime en même temps plusieurs produits M-Budget des rayons. Ainsi, selon «K-Tipp», Migros a retiré l'année dernière au moins 30 produits M-Budget de ses rayons, parmi lesquels des produits d'entretien et des tomates. Les alternatives les moins chères sont souvent beaucoup plus onéreuses.

A cela s'ajoute le fait que des marques plus accessibles comme Mivella, Slimline ou Bellena ont disparu ces dernières années. En revanche, des produits de marque plus onéreux ont été intégrés à l'assortiment.

Migros justifie ce changement par le fait qu'il s'agit seulement d'un processus normal chez les détaillants et ajouté que des produits M-Budget ont été ajoutés aux rayons, mais sans préciser lesquels. 

7

Le retour des emballages

Depuis la pandémie, la mode était aux aliments sans emballages pour réduire les déchets plastiques et alimentaires. Migros avait pris le train en marche et proposé des céréales, des noix ou des pâtes dans des bacs de remplissage. Depuis le début de cette initiative en 2020, cette offre s'était étendue à 50 sites mais qui ont depuis été supprimés. Migros explique que la demande pour les produits sans emballages n'a cessé de baisser ces derniers temps. 

8

Les restaurants ferment boutique

Les restaurants Migros proposent des menus à petits prix et la possibilité de rester sans limite de temps. Pour de nombreux retraités ou d'artisans, ils sont donc des lieux de rencontre. Mais ces derniers temps, plusieurs de ces restaurants ont fermé. En 2022, l'on comptait 150 restaurants Migros et 82 take-aways en Suisse, mais en 2024 il reste 145 restaurants et 74 take-aways. Pour Migros, ces fermetures sont dues au fait que les restaurants étaient trop vieux et les besoins de leurs clients ont depuis évolué. 

9

Plus de rabais pour les seniors

Fin 2024, la fin du rabais pour les seniors de Migros Aar a beaucoup fait réagir. «Il est temps de traiter tout le monde de la même manière», avait déclaré Reto Sopranetti, directeur de Migros Aar. Lorganisation seniors Pro Senectute regrette cette décision: «Pour les personnes âgées, c'était un moyen de faire des achats à petits prix.»

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