Les produits bio sont lucratifs. Chez Migros et Coop, ils coûtent souvent beaucoup plus cher que les produits conventionnels, sans que cela soit justifié. C’est la conclusion d’une nouvelle analyse de Mathias Binswanger, professeur d’économie à la Haute école spécialisée du Nord-Ouest de la Suisse. Avec son équipe de chercheurs, il a constaté des majorations particulièrement élevées pour les pommes de terre, les œufs, la viande et les carottes.
Selon ses estimations, les Suisses ont payé l’année dernière plus de 100 millions de francs de trop pour des produits de qualité bio, résume la «Sonntagszeitung». Mathias Binswanger et l’association qu’il a cofondée, la Faire Märkte Schweiz (en français: Marchés équitables suisses), mettent en garde contre ces majorations élevées qui menacent la rentabilité des produits bio. Cela entraverait en outre la mutation de l’agriculture vers une solution plus écologique.
Un maximum de 20% plus cher
L’équipe de chercheurs demande donc à Coop et à Migros de repenser leur politique de prix et de verser des montants équitables aux agriculteurs. Mathias Binswanger exige que les distributeurs ne vendent pas les marchandises bio plus de 20% plus chères que les produits conventionnels correspondants. Selon ses calculs, les Suisses auraient déjà payé plus de 50 millions de francs de trop rien que pour du lait, des pommes de terre ou des œufs bio. Si l’on ajoute à cela des produits comme la viande de bœuf et de porc, le fromage ou les pommes, le montant dépasse les 100 millions.
Mais les grands distributeurs ne l’entendent pas de cette oreille. Le groupe Migros affirme qu’il ne réalise pas de marges plus élevées avec le bio. Coop explique ne pas gagner davantage avec le bio qu’avec les produits conventionnels.
Les agriculteurs se mobilisent
Du côté des agriculteurs, ils se mobilisent avant tout pour de meilleurs prix à la production. «Les détaillants abusent de nous, les agriculteurs suisses, comme supports publicitaires pour attirer les clients dans leurs filiales», peste un agriculteur dans les colonnes de la «Sonntagszeitung».
Selon eux, le marketing dépeint un «monde idéal à la Heidi» tout en faisant pression sur les agriculteurs avec «des prix à la production qui menacent leur existence».