Le marché du travail en Suisse dépasse de loin celui du reste de l'Europe. C'est ce que révèlent les perspectives d'emploi pour le troisième trimestre de l'agence de recrutement Manpower. Au total, 54% des entreprises suisses prévoient d'augmenter leurs effectifs au cours des trois prochains mois. A contrario, 20% des entreprises veulent aussi réduire leurs effectifs. Mais finalement, une prévision nette d'emploi de +34% se dessine.
Il s'agit du taux le plus élevé d'Europe. Ce dernier est par ailleurs plus élevé que lors de la dernière enquête de mars, où la Suisse faisait déjà partie des leaders européens. Désormais, elle occupe la première place à elle seule.
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Le secteur de l'énergie et des services publics est l'un des moteurs de cette croissance: 66% des entreprises de ce secteur prévoient d'augmenter leur personnel dans les mois à venir. Et les résultats de la votation de ce dimanche n'y est pas pour rien: le oui à la loi sur l'électricité est une véritable base pour des investissements dans le domaine de l'énergie, notamment dans les énergies renouvelables.
42% d'emplois en plus dans la finance et l'immobilier
Dans le secteur financier aussi, des postes devraient voir le jour. Et ce, bien que dans le cadre de la fusion de Credit Suisse et de l'UBS, des suppressions douloureuses de postes soient prévues parmi le personnel bancaire: «La fusion des banques nécessite énormément de ressources et de savoir-faire dans les trimestres à venir, en particulier dans l'informatique», explique Eric Jeannerod, responsable Suisse de Manpower. Des défis qui, malgré les suppressions de postes, représentent de bonnes opportunités d'emploi dans le secteur bancaire, notamment pour les analystes commerciaux, les développeurs de logiciels et les experts en réglementation.
Dans l'enquête Manpower, les banques, les assurances et le secteur immobilier sont classés dans la même catégorie. Les affaires dans l'immobilier et les assurances, en plein essor, compensent ainsi une partie des postes supprimés dans le secteur bancaire.
La croissance du marché de l'emploi est portée par les petites et moyennes entreprises. En revanche, les perspectives d'emploi se sont nettement détériorées dans les groupes de plus de 1000 employés. Finalement, seules 8% des entreprises ont l'intention de créer des postes. La faute à la paralysie de l'économie mondiale: les grands groupes sont en général plus mondialisés, et donc plus sensibles aux craintes de récession sur la scène internationale.
La situation est tout à fait différente pour les petites entreprises qui souhaitent désormais augmenter fortement leurs effectifs. Pour beaucoup d'entre elles, les nouveaux postes créés resteront probablement vacants. Le taux de chômage en Suisse se situe à 2,3%. Après une pause due à la conjoncture morose, la pénurie de main-d'œuvre qualifiée est revenue en force.
Former le personnel à l'IA
C'est là que l'intelligence artificielle (IA) entre en jeu: de nombreuses entreprises misent sur les nouvelles technologies comme «force de travail supplémentaire, souligne Eric Jeannerod. Les tâches répétitives et chronophages pourront à l'avenir être prises en charge par l'IA.»
La Suisse est particulièrement ouverte à l'IA: 57% des entreprises interrogées déclarent faire partie des «early adopters» de ChatGPT et autres. La grande majorité porte un regard optimiste sur cette nouvelle technologie. Les chances et les espoirs l'emportent à leurs yeux sur le risque que l'IA puisse coûter des emplois. «Pour y parvenir, les entreprises doivent toutefois investir dans la reconversion de leur personnel afin qu'il puisse utiliser l'IA de manière profitable», conclut l'expert Eric Jeannerod.