Tout d'abord, l'Union démocratique du centre (UDC) souhaitait que les demandeurs d'asile qui traversent un pays sûr avant d'arriver en Suisse ne soient plus considérés comme des réfugiés. Problème: cela aurait concerné pratiquement tous les requérants d'asile. Seul le Parti libéral-radical (PLR) a soutenu cette proposition.
Par la suite, l'UDC a également exigé la création de zones de transit à la frontière suisse dans lesquelles toutes les demandes d'asile seraient déposées. Les personnes en fuite auraient dû séjourner dans ces zones pendant la durée de la procédure d'asile. Là aussi, le PLR a voté en bloc avec l'UDC. Mais même avec ce soutien, 97 voix s'y sont opposées, contre 90 pour.
Le Centre n'a aidé l'UDC qu'à demi-mot
Une fois de plus, le Centre a fait pencher la balance en défaveur du parti conservateur, car il n'a approuvé aucune de ses deux propositions. Il en a cependant été autrement lorsqu'il s'est agi de durcir le regroupement familial. L'UDC a remporté une petite victoire dans ce domaine, car les personnes admises à titre provisoire ne devraient plus être autorisées à faire venir les membres de leur famille en Suisse. Le Conseil national a approuvé la motion par 105 voix pour, contre 74 voix contre, et neuf abstentions. Désapprouvant ce choix, le conseiller fédéral Beat Jans a rappelé le droit fondamental au respect de la vie familiale.
«Les personnes admises provisoirement n'ont pas le droit d'asile en Suisse et leur séjour dans le pays doit être bref», a déclaré le porte-parole de l'UDC Thomas Knutti. «Si leur famille pouvait les rejoindre, ils ne quitteraient plus jamais la Suisse.» Outre l'UDC, le PLR et 19 membres du groupe parlementaire du Centre ont voté en faveur de la motion.
Les socialistes en colère
«L'intervention n'a guère d'effet», a averti en vain le ministre de la Justice Beat Jans. En effet, le droit à la vie familiale est inscrit dans la Constitution. De plus, le Tribunal fédéral et la Cour européenne des droits de l'homme l'ont reconnu à plusieurs reprises. Selon Beat Jans, les obstacles au regroupement familial sont déjà très élevés.
Le coprésident du Parti socialiste (PS) Cédric Wermuth s'est déchaîné après la décision du Conseil national: «Cette mise en scène gênante et héroïque de soi-même, dans laquelle on démontre sa dureté sur le dos des plus faibles, est vraiment quelque chose de dégoûtant», a-t-il écrit sur X peu après la décision.
Dans un communiqué de presse, le Parti évangélique suisse (PEV) a également mis en garde contre le fait que l'UDC «répand de plus en plus de contre-vérités sur les personnes admises à titre provisoire». Le fait est que ces dernières ne peuvent pas retourner dans leur pays d'origine en raison des circonstances, par exemple parce qu'il y règne une guerre civile. «La décision choquante de supprimer le regroupement familial pour les personnes admises à titre provisoire n'est pas seulement inhumaine envers ces familles, elle est aussi contraire à notre Constitution et à la jurisprudence nationale et internationale», a souligné le conseiller national PEV Marc Jost.