En juin 2023, à Maschwanden dans le canton de Zurich, une piscine naturelle a dû être fermée après un contrôle en raison d'impuretés. Et c'était loin d'être la première fois. Des clients s'étaient plaints d'algues sur les parois, mais lorsque celles-ci ont été nettoyées, différentes bactéries ont pu se propager dans l'eau.
À Embrach (ZH), la piscine Badi Talegg a dû fermer ses portes pendant quatre semaines au milieu des vacances d'été en raison d'un défaut technique qui a entraîné des problèmes de traitement de l'eau.
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Durant l'hiver 2023, des nageuses de la piscine couverte de Neufeld, dans le canton de Berne, se sont plaintes de toux et de problèmes respiratoires, ce qui a poussé le club de natation à déplacer son lieu d'entraînement. Malgré de nombreux tests, le problème n'a pas été résolu – on a fini par soupçonner une utilisation non optimale du système de ventilation.
Des fermetures à répétition après contrôle
Ce ne sont que trois exemples, mais de nouveaux chiffres des chimistes cantonaux montrent l'étendue du problème: la qualité de l'eau dans les piscines en plein air et couvertes a été souvent médiocre en 2023.
À Zurich, l'eau analysée de près d'un bassin sur trois a été jugée de qualité insuffisante. Cinquante fois, elle contenait trop d'urée, c'est-à-dire de l'urine, de la sueur, mais aussi des résidus de crème solaire et de cosmétiques. Cinq fois, les contrôleurs ont trouvé des bactéries pouvant déclencher des diarrhées. Dix-huit fois, ils ont détecté des germes pathogènes qui favorisent notamment les otites.
Dans le canton de Berne, près de la moitié des 89 piscines examinées en 2023 ont fait l'objet de réclamations. En Argovie, 44 des 45 piscines examinées ont fait l'objet de critiques: que ce soit parce que des documents ou des données techniques nécessaires manquaient ou parce que la technique de mesure était défectueuse. Un établissement sur trois présentait une qualité d'eau de baignade insuffisante. Les contrôleurs saint-gallois ont inspecté 31 piscines et délivré 50 décisions d'élimination des défauts – nettement plus que les années précédentes. Et à Lucerne, la teneur en urée était trop élevée dans un bassin sur cinq.
L'eau des piscines est parfois tellement polluée qu'elles doivent être fermées directement après le contrôle. L'année dernière, cela s'est produit trois fois à Berne, quatre fois à Lucerne et deux fois à Saint-Gall. Il s'agissait d'un bain thérapeutique et d'un bassin pour le sauna. Dans les deux cas, la valeur maximale pour les germes pathogènes a été massivement dépassée, et des bactéries fécales ont également été détectées dans le premier bassin.
Prescriptions difficiles à respecter les jours de pointe
Pourquoi les contrôleurs trouvent-ils à chaque fois autant d'impuretés? Alda Breitenmoser, présidente des chimistes cantonaux suisses, explique que lors des étés chauds, quand les piscines sont pleines à craquer, il peut être difficile de respecter toutes les prescriptions. En Suisse, les exigences en matière de qualité de l'eau sont élevées, les systèmes de traitement sont coûteux et complexes.
Les motifs de réclamation le plus fréquent concerne des taux de chlorate trop élevés. Ce produit chimique, qui se forme lors du traitement de l'eau, peut nuire à l'absorption d'oxygène et endommager les reins. À Saint-Gall, trois échantillons de piscines sur quatre ont dû être contestés en raison d'une teneur trop élevée en chlorate. À Zurich, la valeur était trop élevée dans un bassin sur huit.
Dans le canton de Fribourg en 2023, sur 12 prélèvements qui ont été réalisés par le Service de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (SAAV), quatre échantillons (25%) ont révélé des non-conformités avec des taux de chlorates dépassant les valeurs maximales autorisées.
Les piscines ont besoin d'aide d'experts
L'Association suisse des chimistes cantonaux de Suisse a donc mené une campagne en 2023 et analysé 275 échantillons provenant de 92 piscines pour détecter les sous-produits chimiques issus de la désinfection de l'eau de baignade. Dans près de la moitié des établissements, la concentration en chlorate était supérieure à la valeur maximale.
Respecter la valeur de chlorate demande des efforts: le chlorate ne peut être éliminé ni par les filtres à sable ni par les filtres à charbon actif, et une plus grande quantité d'eau fraîche ne suffit généralement pas à résoudre le problème. Les sources de problèmes sont multiples: le stockage et la qualité du désinfectant, mais aussi l'état des conduites d'eau ont une influence sur cette valeur. Si les conduites sont rouillées, le chlorate peut se former avant même d'arriver dans le bassin.
Malgré les mesures mises en œuvre, 56% des piscines sanctionnées n'ont pas réussi à réduire durablement et suffisamment la concentration trop élevée de chlorate. Dans la plupart des cas, il faut faire appel à un spécialiste externe des piscines pour remédier au problème, explique Alda Breitenmoser.
Mais en principe, la chimiste cantonale en chef donne une bonne note aux piscines: «Dans l'ensemble, on n'a pas à se soucier de la qualité de l'eau quand on se baigne dans une piscine couverte ou en plein air.» Les défauts constatés peuvent généralement être rapidement corrigés.
Le chimiste cantonal zurichois Martin Brunner le confirme: la situation s'est améliorée ces dernières années, ce que l'on peut attribuer en partie aux contrôles plus intensifs et aux réclamations officielles qui demandent des inspections. Mais les fluctuations annuelles restent malgré tout, par exemple en ce qui concerne la météo et de ce fait le nombre de visiteurs. «Nous resterons donc vigilants.»
«Les douches aident beaucoup»
Les visiteurs peuvent largement contribuer à ce que l'eau reste propre: «La crème solaire est un poison pour l'eau, la sueur aussi. Se doucher aide donc beaucoup», explique Martin Lorenzoni, maître-nageur en chef. Une chose que tout le monde ne fait pas, loin de là: «Dans les piscines en plein air, on peut le signaler très souvent aux gens», explique Martin Lorenzoni, qui travaille comme responsable d'exploitation à la piscine couverte de Morat (FR). Mais les jours de pointe, le temps manque pour le rappeler à tous les baigneurs.
Alda Breitenmoser explique qu'il s'agit aussi de respect vis-à-vis des autres baigneurs: «Personne ne veut se baigner dans un bassin rempli de la sueur des autres.»
L'«odeur de chlore», typique dans les bains, est d'ailleurs le signe que la teneur en urée de l'eau est élevée – le chlore n'a une odeur que lorsqu'il est combiné à d'autres particules.