Un steak grillé issu de la biotechnologie. La viande à partir de cellules animales (dite «de culture») n'est plus un lointain rêve d'avenir. Des entreprises du monde entier travaillent d'arrache-pied pour développer des alternatives à la viande traditionnelle. Le marché est donc en plein essor.
En 2020, Singapour a été le premier Etat à donner le feu vert à la vente de viande de poulet cultivée en laboratoire. Aux Etats-Unis également, on pourrait bientôt trouver ce genre de steaks dans les magasins.
«Le potentiel est énorme!»
Et en Suisse? Notre pays dispose des meilleures conditions pour être pionnier sur ce marché prometteur, en est convaincue la conseillère nationale Verte Meret Schneider. «Il y a un énorme potentiel», pense-t-elle. Mais aujourd'hui, il y aurait trop d'obstacles pour les start-ups qui développent de nouveaux aliments comme la viande de culture. «Les procédures d'autorisation sont longues et il n'y a pas assez de transparence lors de l'autorisation de mise sur le marché», énumère la politicienne zurichoise.
Dans une intervention, Meret Schneider a demandé à la Confédération de simplifier et d'accélérer les procédures d'autorisation et d'approbation pour la viande de laboratoire et les alternatives végétales: «D'autres pays avancent rapidement dans ce domaine. Nous ne devrions pas passer à côté de cette évolution.» Car pour la politicienne Verte, il ne fait aucun doute que de tels aliments d'un nouveau genre se retrouveront bientôt dans nos assiettes.
La question est de savoir si la Suisse sera présente sur le marché ou non. Et bien sûr, en tant qu'écologiste, elle se soucie aussi de l'environnement. La question de savoir si une viande cultivée en laboratoire est vraiment meilleure qu'un plat traditionnel en termes de bilan environnemental est toutefois controversée.
L'UDC Mike Egger soutient les revendications
Mais Meret Schneider ne souhaite pas seulement que le développement de la viande de culture soit davantage encouragé. Dans une deuxième intervention, la conseillère nationale demande également à la Confédération de faire avancer non seulement la culture, mais aussi la transformation de protéines végétales telles que les lentilles, les pois et les graines de soja. Des recherches sont par exemple menées sur le fromage à base de protéines de lait non animales. Et il existe des alternatives à la viande à base de protéines de pois.
Ce sont des exigences qui suscitent l'ouverture, même chez le conseiller national UDC Mike Egger. Ce boucher de formation estime qu'il est important que la Suisse ne soit pas distancée dans le domaine des nouveaux aliments comme la viande de culture, mais qu'elle étudie ces nouvelles variantes. Mais contrairement à Meret Schneider, il n'est pas question pour lui que la Confédération subventionne le développement de tels produits.
Le Saint-Gallois ne craint pas que l'escalope fabriquée laboratoire ne supplante celles encore plus «classiques». «La population mondiale augmente, et nous avons besoin de plus de nourriture.» Selon Mike Egger, il faudra voir si la variante issue du laboratoire est plus respectueuse de l'environnement que la production traditionnelle. «Face à cela, les alternatives végétales ne sont pas une concurrence, mais un complément», estime-t-il.
Le Conseil fédéral se montre ouvert
Jusqu'à présent, le Conseil fédéral s'est prononcé contre la promotion directe des alternatives à la viande. Le marché se développe de manière «relativement dynamique» et aucune intervention supplémentaire de l'Etat n'est nécessaire, a déclaré le gouvernement en 2020 dans une prise de position à la suite d'une intervention du conseiller national des Vert-e-s Kilian Baumann. Il s'est en revanche montré ouvert à la demande d'abaisser les obstacles aux tests des nouveaux produits.