La politique suisse met parfois à rude épreuve les connaissances linguistiques de nos représentants. Le Röstigraben en est un exemple emblématique. Aujourd'hui, les parlementaires du PLR ne veulent même plus s'aventurer au-delà de la frontière linguistique en ce qui concerne les noms. Dans le programme de la session des radicaux, la conseillère nationale UDC Diana Gutjahr a été rebaptisée Madame Bonne année lors de son intervention à cause de la traduction par l'intelligence artificielle.
Un constat d'échec pour la Suisse plurilingue? Pas du tout, selon elle. «Au Parlement, on a aussi le droit de sourire. Et mon intervention a effectivement été acceptée!» A l'étranger, elle explique volontiers la signification de son nom de famille par une traduction directe. Ainsi, Ms. Good year en Angleterre, ou Signora Buon anno en Italie.
De là à traduire les listes électorales, il n'y a qu'un pas à franchir – c'est pourquoi les électeurs feraient bien de se familiariser avec les noms latinisés ou germanisés de leurs candidates et candidats préférés d'ici aux prochaines élections législatives de 2027.
Sur la liste du PS, on pourrait par exemple réélire Mme Eau de rose (Rosenwasser), M. Homme du nord (Nordmann) ou M. Pupitre (Pult) – le cumul et le panachage sont bien sûr autorisés… Chez les Vert-e-s, on aurait alors le choix entre M. Homme de construction (Baumann) et Mme Pierre de frappe (Klopfenstein), chez l'UDC entre M. Pêcheur (Fischer) et – attention à votre français! – M. Page (Page). Pour le Centre, M. Chevalier (Ritter) se représenterait et on pourrait s'attendre à une politisation émotionnelle de la part de Monsieur Haineux (Hässig) pour le PVL.
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Le PLR ne devrait pas non plus reculer devant la traduction dans ses propres rangs: Mme von Vier (de Quattro) ou M. Chute d'eau (Wasserfallen) siégeraient à nouveau pour le parti à la Chambre des cantons.
Confus? Ne vous inquiétez pas, il en va de même pour les parlementaires! Sans parler de la pierre d'achoppement qu'est l'anglais – les «seven thinking steps» sont devenus monnaie courante – il y a des textes de loi en français, des discours en italien, des correspondances en allemand.
L'IA pour les séances de commission
À présent, nombreux sont ceux qui au Palais fédéral en ont assez du français fédéral et de l'allemand approximatif. Et avec l’essor de l’intelligence artificielle, ils sentent également l’aube d’un changement dans le monde politique: récemment, les politiciens du Conseil national ont proposé d'étudier la possibilité d'utiliser l'IA pour traduire les séances de commission en temps réel.
Les maniaques de la langue se donnent certes du mal pour respecter les traditions: le multilinguisme a «toujours joué un rôle important dans la politique fédérale», notent-ils d'emblée. Mais la qualité de leur travail semble souffrir de la diversité linguistique. C'est pourquoi l'IA doit apporter son aide: chacun pourrait alors s'exprimer dans sa langue nationale préférée. Quai ans fiss in plaschair!