Le Ministère public de la Confédération (MPC) agit contre les ramifications de la mafia calabraise 'Ndrangheta en Suisse. Il a mis en accusation un ressortissant italien résidant dans le canton d'Argovie pour participation et soutien à une organisation criminelle.
L'homme âgé de 58 ans est en particulier accusé d'avoir agi au moins entre 2001 et 2020 comme représentant du clan Anello-Fruci de la 'Ndrangheta sur le territoire helvétique et d'avoir favorisé le développement des intérêts de l'organisation en Suisse, écrit mercredi le MPC dans un communiqué.
L'acte d'accusation mentionne d'autres délits: importation, acquisition et prise en dépôt de fausse monnaie, recel, infraction à la loi fédérale sur les armes et infraction à la loi fédérale sur les stupéfiants. Le prévenu a été mis en accusation auprès du Tribunal pénal fédéral.
L'Office fédéral de la police (fedpol) a mené des investigations approfondies, qui ont permis de constater la présence en Suisse de l'organisation mafieuse 'Ndrangheta.
Ces enquêtes ont donné lieu à de nombreuses mesures de surveillance secrètes, comme des écoutes téléphoniques, la surveillance d'espaces intérieurs, de l’observation et une investigation sous couverture. Cette dernière visait à identifier les membres de la structure mafieuse, ainsi que ses activités et sa dynamique opérationnelle, détaille mercredi le MPC.
L’instruction a également bénéficié des déclarations de plusieurs repentis en Italie. Ces derniers ont fourni de nombreux renseignements concernant l’implantation de la ‘Ndrangheta en Suisse, qui ont été complétés et confirmés par la suite par les investigations effectuées par le MPC.
Treize prévenus
Cette enquête complexe avec des implications internationales a été conduite dans le cadre d’une équipe commune d’enquête avec le Parquet de Catanzaro, en Calabre. Au total, l'instruction pénale a été étendue à treize personnes.
Le MPC rappelle avoir rendu en octobre dernier une ordonnance pénale pour blanchiment d’argent à l’encontre d’une ressortissante italienne de 59 ans, domiciliée dans le canton de Soleure. Ayant fait l'objet d'une opposition, cette affaire est désormais pendante au Tribunal pénal fédéral.
D'autres ordonnances pénales ont été rendues à l'encontre de deux personnes, accusées de contravention aux lois fédérales sur les stupéfiants et les armes. Le MPC a également rendu une ordonnance de classement au titre de blanchiment d’argent. La procédure contre un autre prévenu a été transmise à l'autorité cantonale compétente.
La procédure a été disjointe concernant sept prévenus. La poursuite pénale de trois d'entre eux a été déléguée aux autorités italiennes compétentes. Les actes commis en Suisse ont été contestés en Italie dans le cadre du procès dit «Imponimento», qui a abouti à des condamnations pas encore toutes définitives.
«Résultat important»
Un autre inculpé a été condamné en Italie, dans le cadre du procès dit «Cavalli di Razza». En Suisse, une ordonnance pénale a été rendue contre une personne pour infraction à la loi sur les stupéfiants et une ordonnance de classement au titre de blanchiment d’argent a été rendue. Enfin, une procédure a été transmise aux autorités cantonales compétentes.
Les condamnations prononcées dans ce contexte constituent un résultat important et témoignent de l’efficacité et de la pertinence de la coopération entre les autorités de poursuite pénale cantonales et étrangères et le MPC, se réjouit ce dernier. La présomption d’innocence prévaut pour les prévenus jusqu’à l’entrée en force des jugements.