La Suisse a enregistré près de 24'000 demandes d'asile jusqu'à la fin octobre. D'ici la fin décembre, ce chiffre pourrait atteindre près de 28'000 demandes. Certes, c'est un peu moins que l'année dernière (30'000 demandes au total), mais l'année actuelle compte toutefois parmi les premières en matière de demande d'asile.
La charge pour les cantons et les communes reste élevée. Tellement élevée que le Conseil d'Etat de Schwytz a adressé une lettre cinglante au Conseil fédéral, en particulier au ministre de l'asile socialiste Beat Jans.
Le thème de l'asile est omniprésent et préoccupe tous les niveaux de l'Etat, peut-on lire dans la lettre signée par le landammann Michael Stähli et le chancelier d'Etat Mathias Brun, dont Blick a eu connaissance.
«Les défis deviennent de plus en plus insurmontables, en particulier pour les communes, qui ne disposent tout simplement plus de l'espace nécessaire à l'hébergement de nouveaux migrants, avertit le Conseil d'Etat. En tant que canton aussi, nous sommes lentement mais sûrement à la fin de nos possibilités, du moins de celles qui peuvent être imposées à la population en général et financées raisonnablement.»
Centre fédéral d'asile prévu
Le canton évoque également les charges qu'il doit assumer – un centre fédéral d'asile pouvant accueillir jusqu'à 170 personnes est par exemple prévu dans la région de Buosigen à Goldau. Et il rappelle que le canton doit mettre à disposition un autre bâtiment plus grand comme centre de transit pour l'hébergement des migrants demandeurs d'asile.
Le Conseil d'Etat schwytzois est en colère. «Au vu de la situation plus que tendue dans toute la Suisse, on ne peut plus faire autrement que d'admettre qu'il est urgent d'agir.» Selon lui, le nombre excessivement élevé de demandeurs d'asile depuis des années et l'afflux de migrants économiques obligent la Suisse à adapter le droit d'asile et son application à l'évolution de la situation. «Sinon, on arrivera inévitablement à un certain effondrement du système.»
Le canton n'avance certes pas de propositions concrètes d'adaptation. Mais il s'attend à ce que les nouvelles mesures «se situent en dehors de la gestion actuelle du droit d'asile local». Et renvoie – sans citer de noms – à «d'autres pays européens» qui vont dans cette direction. Des mesures sont nécessaires pour «ramener l'afflux de demandeurs d'asile à un niveau supportable et durable». En fin de compte, ce sont ces mesures qui pourraient sauver une politique d'asile humanitaire à l'avenir.
Marcel Dettling espère le soutien d'autres cantons
Le chef de l'Union démocratique du centre (UDC) Marcel Dettling, lui-même originaire du canton de Schwytz, soutient son gouvernement cantonal. «Le profanateur de la Madone d'Einsiedeln a probablement fait déborder le vase», déclare-t-il à Blick. Selon lui, il est juste que le canton s'oppose à ce chaos en matière d'asile. «Il n'est pas acceptable que le conseiller fédéral Beat Jans se contente de répartir les demandeurs d'asile dans tout le pays et que les cantons, les communes et, en fin de compte, la population fassent les frais de cette sauce asilaire, poursuit-il. Il faut un frein d'urgence. Maintenant.»
Le conseiller national UDC propose des solutions concrètes. Ainsi, il ne veut plus accepter de requérants d'asile qui sont arrivés en Suisse par des pays sûrs. Et il rappelle l'initiative de l'UDC sur la protection des frontières. «J'espère maintenant que d'autres cantons augmenteront massivement la pression sur Beat Jans.»