Mahdi Mohammad S.*, un double national américain et iranien, a été inculpé par les autorités américaines avec un complice, Mohammad A.*, qui, selon Al Jazeera, aurait également la nationalité suisse. Tous deux sont accusés d'avoir exporté des technologies américaines sensibles destinées à être utilisées dans les drones militaires des Gardiens de la révolution iranienne.
Mohammad S. a été arrêté dans l'État américain du Massachusetts. Son complice, lui, a été arrêté dans la grande ville italienne de Milan. Il a étudié à l'École Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL), comme le révèle son profil Linkedin.
Le fondateur de l'entreprise inculpé aux États-Unis
«Aujourd'hui, le ministère de la Justice a porté des accusations contre Mohammad A. et nos partenaires étrangers l'ont placé en garde à vue. Nous affirmons qu'il a fourni une technologie sensible que l'armée iranienne a utilisée pour tuer trois soldats américains en Jordanie au début de l'année», a déclaré le ministre de la Justice Merrick B. Garland dans un communiqué. 47 autres soldats avaient été blessés. «En outre, nous avons inculpé et arrêté Mahdi Mohammad S., un citoyen américain et iranien, pour avoir conspiré avec Mohammad A. afin d'exporter des technologies américaines sensibles vers l'Iran. Les arrestations d'aujourd'hui montrent que le ministère de la justice demandera des comptes à ceux qui permettent au régime iranien de continuer à attaquer et à tuer des Américains.»
Mohammad A. est le fondateur et le directeur général de la société iranienne San'at Danesh Rahpooyan Aflak Co, qui fabrique des modules de navigation pour le programme de drones militaires des Gardiens de la révolution. Joshua Levy, le principal procureur fédéral du Massachusetts, a déclaré que le FBI avait tracé l'équipement de navigation sophistiqué utilisé dans le drone jusqu'à la société iranienne SDRA de A., qui avait fabriqué le système de navigation. S. travaille pour un fabricant de microélectronique aux États-Unis. Le duo aurait collaboré depuis 2016.
Amende salée et longue peine de prison
Mohammad A. aurait en outre créé une société fictive en Suisse, Illumove SA, dont le siège est à Lausanne. Sur le site Internet de cette société, l'EPFL est indiquée comme partenaire. Les deux accusés auraient veillé à ce que des marchandises, des services et des technologies d'origine américaine soient transférés en Iran via Illumove au profit de la SDRA. Selon l'agence de presse Reuters, Mohammad A. aurait régulièrement fait des allers-retours entre la Suisse et l'Iran.
Les deux hommes risquent désormais une peine de prison pouvant aller jusqu'à 20 ans aux Etats-Unis, ainsi qu'une amende pouvant atteindre un million de dollars (l'équivalent de 896'000 francs). Mohammad A. pourrait même être condamné à la prison à vie pour soutien à une organisation terroriste «ayant entraîné la mort». L'enquête est menée avec la participation du FBI.
* Noms connus