Le président de la commune publie accidentellement des photos sur Whatsapp
La centrale nucléaire de Gösgen mise désormais sur les drones pour assurer sa sécurité

La centrale nucléaire de Gösgen, dans le canton de Soleure, mise sur la technologie des drones pour sa sécurité et l'inspection. Aujourd'hui, la publication involontaire d'images suscite le débat.
Publié: 15.12.2024 à 09:55 heures
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Dernière mise à jour: 15.12.2024 à 10:06 heures
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La centrale nucléaire de Gösgen dans le canton de Soleure.
Photo: Philippe Rossier
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Ralph Donghi

La sécurité de nos centrales nucléaires est un sujet sensible. Mercredi dernier s'est tenue une réunion d'information au cours de laquelle l'équipe de sécurité de la centrale de Gösgen a notamment rencontré des responsables communaux des environs. C'est à cette occasion que de nouveaux drones pouvant être utilisés dans et autour de la centrale ont été présentés.

Bien qu'il n'y ait pas eu de communication officielle et publique à ce sujet, cette nouveauté a néanmoins été rendue publique par le président de la commune d'Obergösgen, Peter Frei, qui a documenté une partie de la réunion avec son téléphone portable et rendu les images des nouveaux drones de la centrale nucléaire accessibles à un plus large public sous forme de statut Whatsapp. «Aperçu passionnant de l'année 2024 et de la troupe de sécurité désormais équipée de drones», écrit-il. Suit une galerie de photos où l'on peut voir les appareils volants en gros plan.

Les images se sont rapidement répandues et font maintenant froncer quelques sourcils. Par exemple chez le conseiller national soleurois de l'Union démocratique du centre (UDC) Rémy Wyssmann, qui évoque une «invitation à nos adversaires potentiels en ces temps de guerre hybride».

Équipés de caméras thermiques

Ces drones peuvent être achetés librement dans le commerce et sont généralement appréciés par les organisations de sauvetage. Le modèle «Mavic 3» de DJI est par exemple équipé d'une caméra thermique qui permet de localiser les personnes dans l'obscurité. Un autre modèle est protégé par une cage afin d'être utilisable même dans des espaces intérieurs très étroits. Un autre encore peut être équipé d'un haut-parleur afin de transmettre des messages.

Confronté aux critiques, Peter Frei a rapidement réagi: «C'était une erreur», écrit-il. Peu de temps après, les images ont également disparu de ses réseaux. Mais le président de la commune d'Obergösgen relativise: «Seuls mes collègues peuvent voir mon statut.»

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Tous les drones modernes peuvent être connectés à internet, et donc détournés de leur fonction originale
Rémy Wyssmann, conseiller national UDC
»

A la centrale aussi on se justifie: «Les appareils sont autorisés par l'Office fédéral de l'aviation civile (OFAC) et ne sont utilisés que pour la sécurité de notre infrastructure et pour ses inspections techniques régulières.»

Une technique moderne également utilisée à la centrale nucléaire de Leibstadt AG

Néanmoins, Rémy Wyssmann ajoute: «La centrale nucléaire de Gösgen est un objet d'intérêt national pour la sécurité. Le fait que l'on ne voie aucun problème dans la publication des images m'étonne», déclare le conseiller national. «Tous les drones modernes peuvent en effet être connectés à internet, et donc détournés de leur fonction originale.»

Pour l'heure, le cas de Gösgen est unique en Suisse. A la centrale nucléaire de Leibstadt, dans le canton d'Argovie, de nouvelles technologies sont aussi utilisées, mais elles restent au sol. Il s'agit d'une sorte de chiens-robots qui interviennent lors d'inspections techniques spécifiques.

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