L'UDC reste muet
Gauche et Vert-e-s inquiets face aux risques de la «mégabanque» UBS

La reprise de Credit Suisse par UBS inquiète les partis politiques suisses. Les Vert-e-s et les Socialistes appellent à renforcer la législation «too big to fail» face au risque posé par la nouvelle «banque XXL».
Publié: 20.12.2024 à 16:01 heures
Des partis politiques s'inquiètent face à la mégabanque UBS.
Photo: keystone-sda.ch
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ATS Agence télégraphique suisse

Après le rapport de la CEP sur Credit Suisse, les Vert-e-s et le Parti socialiste (PS) ont pointé vendredi le risque constitué par la «banque XXL» UBS, appelant les autorités à accélérer les travaux sur le renforcement de la législation «too big to fail». Les partis n'ont pas manqué de fustiger l'avidité des managers de l'institut repris en catastrophe.

«La Suisse ne pourrait pas supporter un nouvel effondrement ou un sauvetage bancaire», a estimé le parti écologiste, alors que la reprise de CS par UBS, garantie par l'Etat, a créé une nouvelle mégabanque. Pour les Vert-e-s, la Suisse a besoin d'une «Lex UBS» pour maîtriser les risques particuliers émanant de cette banque.

Les écologistes exigent des règles strictes pour la direction de l'entreprise, une indemnisation pour la garantie implicite de l'Etat et de solides fonds propres et des liquidités nettement plus importantes, selon un communiqué.

«Mentalité de self-service»

Pour le PS, les conclusions de l'enquête sur la débâcle du Credit Suisse montrent que l'UBS représente un «risque insupportable» pour la Suisse. Le parti socialiste a fustigé la «mentalité de self-service» des managers de la banque. Le coprésident Cédric Wermuth a évoqué les 32 milliards de bonus en dix ans, alors que l'institut aux deux voiles avait perdu la même somme durant cette période. Sans compter les 11 milliards d'amendes infligées par les autorités de régulation.

Le parti exige l'interdiction des bonus au sein de l'UBS actuelle, une revendication contenue dans une motion socialiste adoptée en mai 2023 par le Conseil national. Il appelle le Conseil des Etats à adopter rapidement ce texte.

Le Conseil fédéral doit par ailleurs accélérer la révision du projet «Too big to fail» sur les banques à caractère systémique. Selon les plans actuels, cette législation ne devrait pas entrer en vigueur avant 2030, un calendrier qualifié d'"irresponsable» par le PS.

«Plus jamais ça»

Les Vert'libéraux soutiennent les mesures préconisées par la CEP. Le président du PVL, Jürg Grossen, note cependant «qu'une mauvaise gestion ne peut pas être corrigée par la réglementation».

Le Centre a appelé le Conseil fédéral, la Banque nationale suisse (BNS) et l'Autorité suisse de surveillance des marchés financiers (FINMA) à prendre leurs rôles plus au sérieux en matière de surveillance des marchés financiers. Les mesures préconisées par la CEP devront être mises en œuvre sans être édulcorées.

«C’est la seule manière de garantir que la population suisse n’ait plus jamais à supporter une nouvelle fois les conséquences de la gestion irresponsable d'une grande banque suisse», a déclaré le conseiller national valaisan Philipp Matthias Bregy, président du groupe parlementaire, cité dans un communiqué.

Pas de zèle réglementaire

Le PLR s'est félicité que la CEP ne réclame pas de manière indifférenciée une capitalisation plus élevée des banques d'importance systémique. «La FINMA ne doit pas être renforcée en tant que régulateur, mais dans l'application systématique des instruments de surveillance existants», a prévenu le parti dans un communiqué.

Sur la même ligne, Economiesuisse a mis en garde contre tout excès de zèle réglementaire. La faîtière des entreprises a appelé à ne pas pénaliser «inutilement» UBS, du fait notamment de son importance pour accompagner l'industrie exportatrice helvétique à l'étranger.

Le PLR en a aussi profité pour louer le travail de sa ministre, Karin Keller-Sutter, lors de la débâcle de Credit Suisse. Son action a permis d'éviter une crise financière internationale, a souligné le parti.

Ueli Maurer et UDC muets

Dans les années décisives qui ont précédé la chute du Credit Suisse, le Département fédéral des finances (DFF), dirigé alors par le conseiller fédéral Ueli Maurer, «a dormi», assène le PLR. Il relève notamment la communication lacunaire du ministre UDC. La CEP a aussi relevé que le DFF avait omis de mettre en place un filet de sécurité pour les liquidités.

Mis en cause, Ueli Maurer n'entend s'exprimer sur le rapport pour l'instant. L'ancien élu souhaite d'abord l'examiner lui-même, a indiqué son parti à Keystone-ATS. L'UDC ne s'est d'ailleurs pas exprimé sur le rapport de la CEP, préférant se focaliser sur le dossier européen, a précisé le secrétaire général Henrique Schneider.

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