Les membres du conseil d’administration de Credit Suisse devront-ils rendre des comptes pour les bonus pharaoniques qu’ils ont encaissés? Depuis la débâcle de la grande banque, la question est sur toutes les lèvres.
Sous pression, l’autorité de surveillance des marchés financiers (Finma) a dû se résoudre à examiner le dossier. Qui a-t-elle dans le collimateur? Parmi ceux qui sont particulièrement pointés du doigt pour leur responsabilité dans la faillite de l’institution suisse, on retrouve un nom en particulier: celui d’Urs Rohner, ex-président du Conseil d’administration de Credit Suisse.
Le soixantenaire et ancien juriste en chef a perçu environ 52 millions de francs au cours de ses 12 années au conseil d’administration de CS, dont 10 ans en tant que président du conseil d’administration, entre 2011 et 2021.
Il aurait déjà renoncé à cinq millions de francs
Urs Rohmer l’envisage-t-il? Une rumeur circulait dans les milieux bancaires zurichois, selon laquelle l’ancien avocat pensait à rembourser une partie de ses émoluments.
Pour laver sa conscience? Pas vraiment, expliquent les journaux de CH Media mardi. Ces bruits de couloirs évoquaient un éventuel malaise d'Urs Rohner. Celui-ci ne se serait plus senti très à l’aise dans ses baskets et aurait craint d’être «mis au ban de la société» pour les millions qu'il aurait empochés. L’ancien capitaine de CS, qui s’est retiré en 2021, aurait ainsi voulu marcher sur les traces de l’ex-patron d’UBS Peter Wuffli, qui avait accepté de rendre environ 12 millions de francs en 2008.
À lire aussi sur Credit Suisse
Il n'en était rien
Or, ces rumeurs étaient totalement infondées, assurent les journaux de CH-Media. Urs Rohner leur a précisé ce mardi dans une interview qu’il ne rendrait pas un centime de l’argent qu’il a encaissé durant les 10 ans où il a siégé au conseil d'administration de la grande banque.
Lors de cet entretien, l’ex-président s’est justifié en évoquant un montant d’approximativement cinq millions de francs, qu’il aurait refusé entre 2014 à 2021 de manière «volontaire». Une juste rémunération qui «lui aurait été due», ajoute l’avocat.
Il a en outre précisé qu’il n’avait jamais encaissé de bonus en tant que président du CS. Et ces 52 millions? Il ne s’agissait que de son salaire, assure-t-il, à côté duquel il n’aurait jamais perçu un centime lié aux résultats de l’entreprise.