L'ex-patron des CFF dénonce
«Nous menons les Chemins de fer suisses dans le mur»

Le Parlement a approuvé des aménagements ferroviaires à hauteur de 25 milliards de francs. Pour l'ancien chef des CFF Benedikt Weibel, c'est beaucoup trop d'argent. Il s'est adressé au public avec des revendications.
Publié: 08.06.2024 à 14:28 heures
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L'ancien chef des CFF Benedikt Weibel demande l'arrêt de tous les projets d'extension de l'infrastructure ferroviaire.
Photo: Keystone

Un ex-patron des CFF tire le frein d'urgence: Benedikt Weibel, CEO des Chemins de fer fédéraux suisses de 1993 à 2006, demande l'arrêt de tous les projets d'extension du réseau ferroviaire. 

Le Parlement a approuvé des investissements de grande envergure, s'élevant à 25 milliards de francs. Pour Benedikt Weibel, cette somme est alarmante. «L'avenir est sombre», a-t-il déclaré dans un exposé de fond sur les chemins de fer, dont le «Tages-Anzeiger» et CH Media ont rendu compte.

Son message, diffusé mercredi soir au Musée des transports de Lucerne, est le suivant: au lieu de décider d'aménagements de l'infrastructure qui coûteraient des milliards, il faudrait d'abord parler de l'élargissement de l'offre. L'évolution actuelle vers de grands aménagements ferroviaires n'est pas seulement un abandon des anciennes vertus: elle est également contraire à la loi sur les chemins de fer.

Les prestations de la Confédération et des cantons augmentent fortement

Benedikt Weibel n'est pas seul à émettre des critiques. D'autres spécialistes des chemins de fer — parmi lesquels l'ancien responsable de Rail 2000 aux CFF, l'inventeur de l'horaire cadencé et un ancien chef du Südostbahn et des transports publics zurichois — soutiennent la demande d'un moratoire pour tous les travaux d'aménagement qui n'ont pas encore commencé. Benedikt Weibel et ses collègues mettent en garde contre le risque de dépenses incontrôlables.

L'ancien CEO des CFF chiffre à 1,6 milliard de francs par an les coûts induits par les aménagements prévus. Or, les prestations des pouvoirs publics, c'est-à-dire de la Confédération et des cantons, ont déjà augmenté depuis 2006, passant de 1,8 milliard à 4 milliards de francs l'année dernière. Cela représente plus du double en 17 ans.

«Nous menons les Chemins de fer suisses dans le mur»

Sur les 305 aménagements d'infrastructure prévus au total, les projets les plus coûteux n'ont été décidés que récemment et se trouvent encore en phase d'étude. Il s'agit par exemple d'une troisième voie sur le lac Léman, de nouveaux tunnels sur les lignes Zurich-Winterthour et Zurich-Zoug. En outre, le tunnel de base du Lötschberg doit être doté d'un deuxième tube et la gare de Zurich-Stadelhofen d'une quatrième voie.

Mais la Suisse ne peut pas se permettre tous ces projets. Les conséquences possibles? Des trains devraient être supprimés et des lignes seraient annulées, prévient Benedikt Weibel. «Nous menons les Chemins de fer suisses dans le mur et détruisons volontairement un système qui est excellent», déplore-t-il dans le «Tages-Anzeiger».

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