En raison des conflits armés en Ukraine et dans la bande de Gaza, la Conseillère fédérale de la Défense, Viola Amherd pourra acquérir sans résistance de nouveaux stocks de munitions avec le programme 2024 de l'armée. Et ce, bien que les réserves existantes soient déjà considérables.
La liste des achats pour l'année en cours n'est pas encore disponible, mais le porte-parole de l'armée, Mathias Volken est déjà clair: «Les stocks de munitions d'engagement sont désormais augmentés afin d'améliorer à nouveau la capacité à durer et donc la capacité de défense.» L'exigence de mettre l'accent sur la cyberdéfense et la guerre moderne semble reléguée au second plan.
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Des réserves pour les avions de combat, les chars et l'artillerie
Les réserves de munitions d'exercice et d'intervention sont déjà impressionnantes: elles sont évalués à 3,4 milliards de francs, selon Mathias Volken. Ce chiffre représente plus de la moitié du montant des nouveaux avions de combat F-35.
Le porte-parole de l'armée n'entre pas plus dans les détails en ce qui concerne les stocks exacts, car les chiffres sont classifiés. Ce que l'on peut savoir, c'est que les stocks pour les systèmes d'armes principaux, c'est-à-dire les avions de combat F/A-18, les chars de combat Leopard et l'artillerie, représentent une part importante de la valeur totale.
Ce montant, comptabilisé dans les comptes de l'Etat, n'a que peu varié au cours des dix dernières années. Cette situation s'explique par le fait que, parallèlement à l'achat régulier de munitions – pouvant s'élever à plusieurs milliards, des stocks doivent être régulièrement détruits.
Le porte-parole de l'armée précise: «Dès que des munitions ne remplissent plus les exigences en matière de sécurité et d'efficacité, on est obligé de réviser ce stock ou de l'éliminer. Ce processus a lieu en permanence.» De plus, les stocks doivent également être détruits lorsque des systèmes d'armes sont retirés du service pour des raisons militaires ou encore lorsque, comme dans le cas des armes à sous-munitions, une interdiction de réutilisation entre en vigueur.
Des coûts d'élimination à sept chiffres
Mathias Volken ne révèle pas combien de munitions inutilisées, acquises à grands frais, l'armée a dû détruire ces dernières années. Ce chiffre permettrait de déduire les stocks tenus secrets.
On sait toutefois que l'élimination du matériel coûte chaque année un montant à sept chiffres. En 2021 par exemple, les coûts se sont élevés à 1,3 million de francs. En 2022 et 2023, l'élimination des munitions inutilisées et du matériel militaire s'est chiffrée au total à plus de 15 millions de francs. Pour l'année en cours, Mathias Volken avance qu'un crédit devrait probablement aussi être demandé.
Les réserves déterminent la capacité d'une armée à durer
La Suisse étant neutre, le pays ne peut pas transmettre les munitions excédentaires à d'autres pays. Il y a donc de grandes éliminations à l'expiration des délais de conservation et en même temps de nouvelles acquisitions. La guerre en Ukraine tient également un rôle dans tout ce processus.
«La capacité d'une armée à durer est déterminée de manière décisive par le stock de munitions et de matériel», souligne le porte-parole de l'armée. Il n'est toutefois pas possible de dire combien de temps les stocks actuels suffiraient en cas d'urgence. Tout dépend du type d'attaque.