C'est un feuilleton qui aura animé les dix dernières jours: les exploitants du restaurant familial Walliserkanne à Zermatt, opposants acharnés aux mesures Covid, ont persisté à accueillir leurs hôtes avec ou sans passe sanitaire. Ni les sceaux officiels, ni les blocs de béton empêchant le passage du restaurant situé à la Bahnhofstrasse n'auront rebuté les tenanciers ou leurs clients.
La police a fini par placer les trois membres de la famille en détention provisoire, soit le fils Ivan A. et ses parents. On ignore si le deuxième frère, Patrik, actuellement à l'étranger, sera également arrêté à son retour.
Le scepticisme et le goût pour le complotisme de ces restaurateurs valaisans remonte aux débuts de la pandémie. L'inscription «WWG1WGA» est inscrite en grandes lettres sur le mur au-dessus d'un balcon situé à côté du couloir principal du restaurant. Les lettres signifient «Where We Go One, We Go All». En français : Là où l'un de nous va, nous allons tous.
Politiciens et célébrités mangeurs d'enfants
Ce dicton est très courant dans les milieux complotistes, surtout dans le cercle de QAnon. Les adeptes de QAnon croient aux théories les plus absurdes et portent des vêtements avec les lettres Q ou «WWG1WGA» lors de rassemblements, entre autres choses.
Pour rappel: QAnon a commencé sur la plateforme internet 4chan le 28 octobre 2021. Un utilisateur anonyme nommé Q se fait passer pour un haut fonctionnaire du gouvernement et diffuse des théories farfelues: une élite sataniste dirige prétendument le monde. Dans des réseaux de tunnels souterrains, leurs membres – des politiciens connus, des stars d'Hollywood et des chefs d'entreprise – abusent d'enfants et boivent leur sang. De nombreux messages de QAnon sont de nature antisémite et de droite radicale.
Le fils de Trump partage le slogan de QAnon
Aux États-Unis, de nombreux partisans de l'ancien président Donald Trump croient à ces théories du complot et sont convaincus que Trump pourrait contribuer à briser cet «État profond» à la solde du complot mondial.
Son deuxième fils aîné, Eric Trump a partagé le chant «WWG1WGA» sur les réseaux sociaux par le passé.
Patrik A. est lié aux milieux conspirationnistes
Il s'avère que les théories de QAnon ont également trouvé des partisans en Valais. Ce grand graffiti suggère que la famille souhaite souligner sa proximité avec les théories du complot américaines.
Comme l'écrit le journal régional «Walliser Bote», Patrik A. se déchaîne depuis longtemps contre les autorités, les scientifiques et les lois. Il tourne les médecins en dérision et minimise l'importance du virus. Dès le mois de septembre, il a annoncé qu'il ne mettrait pas en oeuvre l'exigence du certificat dans son établissement.
En octobre, les frères sont apparus sur Kla.tv, une chaîne en ligne allemande qui diffuse de nouvelles fake news pratiquement tous les jours, générant des centaines de milliers de clics. La teneur est toujours la même (et scientifiquement non prouvée): le coronavirus aurait été délibérément créé en tant qu'arme biologique dans un laboratoire, puis libéré.
Les frères A. ont également été autorisés à présenter leur point de vue. Ce faisant, ils ont nié la pandémie, établi des comparaisons avec le régime d'apartheid en Afrique du Sud et appelé à s'opposer à la loi: «nous ne voulons pas soutenir le régime d'apartheid». Et plus loin: «c'est une dictature et une société à deux classes. Système de mensonge!»
Alors que le message de QAnon continue d'être inscrit sur le mur, Ivan. A et ses parents sont en prison. Le procureur général Rinaldo Arnold a confirmé à Blick que la détention provisoire a été demandée pour les trois personnes arrêtées.
*Nom connu de la rédaction
(Adaptation par Jocelyn Daloz)