Anarchie dans les montagnes valaisannes. Les frères Patrik et Ivan A.*, tenanciers du traditionnel restaurant Walliserkanne situé dans la Bahnhofstrasse de Zermatt (VS), étaient devenus célèbres parmi les coronasceptiques dans le Haut-Valais en raison de leurs violations répétées des mesures du Conseil fédéral. La police a dû fermer de force leur établissement, rapportait Blick: leurs clients avaient refusé de quitter le pub. Les forces de l’ordre ont donc décidé de prendre des mesures drastiques en barrant l’entrée de l’établissement avec… des blocs de béton.
L'un des propriétaires de la Walliserkanne avait auparavant déjà fait les gros titres de la presse nationale avec des vidéos de ses accès de colère dirigés contre les autorités. Ces dernières ont enfin agi ce matin à 10h.
Jeu du chat et de la souris avec les autorités
A Zermatt, les frères continuaient de jouer au chat et à la souris avec les autorités, comme le rapporte le «Walliser Bote». La police, ainsi que le Conseil d’État et le Ministère public, semblaient jusqu’à ce matin complètement impuissantes.
Tard samedi soir, les Freiheitstrychler ont défilé dans la Bahnhofsstrasse à Zermatt. Ils étaient menés par Ivan A., l’un des frères, et Nicolas Rimoldi, à la tête du mouvement «Mass-Voll» qui proteste depuis des mois contre les mesures anti-Covid-19. Ce dernier a publié sur Twitter des photos de la manifestation de Zermatt contre la «folie des certificats».
L’agitation dans et devant la Walliserkanne se poursuivait. Ivan A. a arraché — devant les policiers — le sceau qui officialisait la fermeture du restaurant depuis vendredi dernier. Même les six énormes blocs de béton bloquant la porte de l’établissement n’avaient pas eu raison de la détermination des frères: leur établissement était de nouveau ouvert samedi. Comble du non-respect des autorités, les fameux blocs de béton portaient des autocollants et des graffitis aux messages douteux: ils avaient été transformés en mémorial.
Ce dimanche semblait même être une journée lucrative pour les propriétaires. Le restaurant et la terrasse, d’où le tenancier Patrik A. s’est adressé à la foule avec un mégaphone, étaient pleins à craquer. Les clients semblaient se moquer des autorités autant que les frères coronasceptiques.
Les autorités ont sévi dimanche
La police ne s’est néanmoins pas laissée faire. Elle a essayé de prendre les coordonnées des invités, de les refouler «et de ramener les deux frères à la raison», selon le «Walliser Bote». A la demande de Blick, elle a confirmé une opération à la Walliserkanne. Un lecteur rapporte que «vers 10 heures, des dizaines de policiers sont arrivés, puis le restaurant et sa terrasse ont été évacués».
La police ne pouvait jusque-là pas prendre de mesures coercitives, car ces dernières devaient être ordonnées par le Conseil d’État ou le Ministère public. Ces derniers viennent d’ordonner l’arrestation de trois membres du personnel du restaurant. Dans un communiqué, la police cantonale a commenté l’action: «Malgré la prévention, le dialogue instauré ainsi que les nombreux rappels à l’ordre, ils poursuivaient leurs activités en faisant fi de la décision de fermeture notifiée ainsi que des mesures de protection sanitaire contre la pandémie en cours». Elle précise qu’une instruction pénale en collaboration avec le Ministère public a été ouverte.
La manifestation de ces coronasceptiques a déjà fait beaucoup de bruit, et pourrait causer du tort à la destination idyllique qu’est Zermatt. Le «Walliser Bote» relève que ces tendances anarchiques «renvoient une mauvaise image de ce lieu à la mode situé sous le Cervin». C’est certainement pour cela que les autorités ont décidé de ne pas se laisser mener par le bout du nez en cette troisième journée de soulèvement.
Un nouveau «salon privé»?
Mais on n’a certainement pas fini d’entendre parler des frères coronasceptiques. Comme le rapporte le «Bote der Urschweiz», le propriétaire d’un restaurant situé à Muotathal, le Hölloch, veut louer aux frères A. son établissement pour le montant symbolique d’un franc par mois. Ils pourraient gérer ce dernier comme un «salon privé», ce qui leur permettrait de contourner les mesures du Conseil fédéral: ils auraient la possibilité d’accueillir jusqu’à 30 personnes dans leur local. Même sans certificat.
*Nom connu de la rédaction