Ils sont arrivés à l'aube. Il y a près de deux semaines, des policiers ont perquisitionné les domiciles de trois militants climatiques vaudois. Ils ont confisqué les appareils électroniques et traîné les militants au poste de police pour un interrogatoire de plusieurs heures. La ministre de la Justice Karin Keller-Sutter (PLR) avait personnellement donné son feu vert, selon le «Tages-Anzeiger».
Taxe militaire en cause
La raison de cette action remonte à l'année dernière. Des militants romands du climat avaient appelé à une grève militaire dans une lettre ouverte au gouvernement. Pour des raisons éthiques, morales, écologiques et sociales, ils n'ont pas accepté de continuer à payer les taxes militaires.
Des arrestations et perquisitions pour une lettre ouverte? L'affaire risque d'occuper la Berne fédérale pendant un certain temps encore. Les Verts demandent une enquête indépendante et prévoient de déposer une initiative parlementaire dès la semaine prochaine, tant au Conseil national qu'au Conseil des Etats.
Ils y demandent l'abolition de l'article 276 du code pénal, qui interdit les appels publics à la désobéissance aux ordres militaires ou à la violation du service.
«L'action de la police était disproportionnée»
Aline Trede, coprésidente du parti et conseillère nationale (BE), déclare au SonntagsBlick: «En termes purement juridiques, Keller-Sutter et le Ministère public de la Confédération n'ont pas commis de faute. Néanmoins, l'action de la police était complètement disproportionnée. Cela montre que la loi est le problème principal et qu'elle doit donc être supprimée.»
Selon la Bernoise, le cas des activistes climatiques vaudois est un exemple de répression arbitraire qui risque de se produire si la nouvelle loi antiterroriste est adoptée. Celle-ci, qui sera décidée le 13 juin, laisse une marge de manœuvre aux autorités chargées de la sécurité et leur permet d'utiliser des moyens étendus dans la lutte contre les menaces potentielles.
Mesures préventives
À l'avenir, la police sera autorisée à prendre des mesures préventives à l'encontre de personnes si des éléments indiquent qu'elles représentent une menace terroriste. Ils pourraient alors, par exemple, être assignés à résidence pendant des mois sans avoir commis de crime. Elle se fonde sur l'évaluation des autorités selon laquelle une personne pourrait répandre, comme le stipule la loi, «la peur et la terreur».
La formulation imprécise du projet de loi pourrait-elle également viser des milieux qui n'ont rien à voir avec le terrorisme? Keller-Sutter a assuré à plusieurs reprises que la nouvelle loi ne présenterait aucun danger de décision arbitraire. Cela inclut notamment les coronasceptiques agissant de manière pacifique. «Ils protestent, c'est absolument légitime», a-t-elle déclaré lors d'un débat télévisé.
Après les arrestations dans le canton de Vaud, les critiques envers la loi anti-terroriste doutent plus que jamais de ces propos qui se veulent rassurants. La conseillère nationale verte Aline Trede conclut: «Le potentiel d'abus est énorme. Qui peut garantir que de telles mesures disproportionnées ne seront pas prises?»