La bataille autour de la réforme des caisses de pension s'intensifie: l'Union syndicale suisse reproche à la Confédération d'enjoliver les chiffres et d'alimenter la confusion en faisant ses propres calculs. Dans le sillage du calcul des milliards pour l'AVS, les syndicats mettent également en doute les chiffres brandis par les autorités au sujet de la réforme de la prévoyance professionnelle (LPP).
Compte tenu de l'importance de la votation, les informations de la Confédération sont non seulement insuffisantes, mais même trompeuses, a déclaré mardi devant les médias à Berne l'économiste en chef de l'Union syndicale suisse (USS) Daniel Lampart. «Les chiffres publiés par la Confédération enjolivent considérablement l'impact de la réforme sur les rentes.»
«Hypothèses totalement étrangères à la réalité»
Il s'insurge ainsi contre les modèles de calcul de la Confédération sur l'évolution des rentes qui se basent selon lui sur des «hypothèses totalement étrangères à la réalité», explique Daniel Lampart. Selon lui, les calculs partent notamment du principe que les employés gagnent le même salaire toute leur vie. D'autres facteurs, comme la productivité ou le supplément d'expérience pour les travailleurs âgés, ne seraient pas ou trop peu pris en compte, ajoute-t-il.
Daniel Lampart estime donc que les chiffres des autorités renvoient une fausse réalité, selon laquelle les rentes baisseraient à partir de 5500 francs mensuels. Faux, répondent les syndicats qui parviennent à une autre conclusion dans leur modèle de calcul. «Les rentes LPP baissent à partir d'un salaire mensuel d'un peu plus de 4000 francs», assure Daniel Lampart.
Bilan net négatif pour les bas salaires
Ce dernier relativise également les augmentations de rentes chez les bas salaires, lesquels doivent faire face à des cotisations salariales supplémentaires. En prenant cette variable en compte, le bilan net pour une personne âgée aujourd'hui de 35 ans avec un revenu mensuel d'environ 3300 francs est négatif, estime l'USS. «Les coûts de la réforme sont plus élevés que les bénéfices», martèle Daniel Lampart. Et de conclure: «Les améliorations des rentes colportées par la Confédération sont dans de nombreux cas un mirage.»
Le renchérissement pas compensé
La secrétaire centrale de l'USS Gabriela Medici met quant à elle en garde contre les effets indirects de la réforme sur les rentes du moment. Pour elle, le danger est clair: si les caisses devaient constituer de nouvelles réserves pour financer davantage de rentes, les retraités devraient probablement attendre encore plus longtemps pour obtenir une compensation du renchérissement au sein de leurs rentes actuelles.
À quelques semaines seulement du scrutin décisif du 22 septembre, cette présentation cache bien évidemment un calcul politique. Avec ses chiffres, l'Union syndicale crée un peu plus de confusion dans la campagne. Plus tôt dans la campage, les chiffres de la caisse de pension Proparis avaient déjà semé la discorde. Cette incertitude globale sur les chiffres devrait avantager le camp du «non» et mettre un batton dans les roues des partisans de la réforme.
Aucune déclaration générale possible
Mais la Confédération a au moins un mérite dans cette histoire: dans ses documents, elle explique non seulement qu'il s'agit à chaque fois d'hypothèses standardisées, mais elle précise aussi qu'il n'est pas possible de chiffrer exactement le nombre de personnes qui profiteraient ou non de la réforme.
«Il n'est pas possible de faire une déclaration générale, car la prévoyance professionnelle est réglée individuellement pour chacun – en fonction de sa carrière professionnelle, de l'évolution de son salaire ou du règlement de sa caisse de pension», a également souligné la conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider (60 ans) dans une interview accordée à Blick.
Et à ceux qui veulent en avoir le cœur, ils ont tout intérêt à suivre le conseil de la ministre des Affaires sociales: «Renseignez-vous simplement auprès de votre caisse de pension"!