Zermatt a rêvé pendant 80 ans d'une liaison directe par téléphérique. Après l'inauguration l'été passé du dernier tronçon, l'heure est à la désillusion pour le village qui a porté ce projet à 140 millions de francs. L'engouement suscité par la nouvelle offre est limité, comme le confirment un grand voyagiste et une porte-parole de Cervinio AG aux journaux de Tamedia.
L'entreprise ne recevrait que quelques réservations isolées en provenance d'Asie. La raison invoquée par Cervinio AG? L'offre ne serait pas assez populaire. Du côté de la société Bergbahnen Zermatt, on ne veut rien savoir. Ils sont très satisfaits de la fréquentation de la première période d'exploitation.
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Encombrés par les bagages
Les objectifs de l'entreprise Zermatt Bergbahnen AG étaient ambitieux: attirer des clients internationaux de passage en Europe, grâce à cette offre permettant de traverser les Alpes. Ces clients profiteraient ainsi d'un trajet spectaculaire en télécabine au-dessus des Alpes et, idéalement, passeraient encore une nuit dans la station thermale. Un service de bagages a été mis en place, pour ne pas avoir à trimballer les valises à chaque changement de train. Mais ça ne fonctionne pas encore comme prévu.
Tamedia cite une lettre de Zermatt Bergbahnen AG qui date de décembre. Dans celle-ci, on lit qu'il manque certaines autorisations des autorités frontalières italiennes. Mais ils rejettent ces accusations. Le service bagages a été accordé par les autorités. La société Cervinia AG de son côté attribue la faute à Zermatt, qui a exigé des précisions sur le sujet.
Les Italiens sont peu preneurs
Il faut ajouter que la coopération entre les deux entreprises de remontées mécaniques n'est pas toujours aisée. On pense à des rythmes différents, a déclaré le chef des remontées mécaniques de Zermatt Markus Hasler, lors de l'inauguration l'été dernier. Il y a d'un côté, la destination internationale de premier plan, qui met le paquet dans la publicité pour l'Alpine Crossing.
De l'autre, la société Cervinia AG, qui est plus réservée. D'ailleurs, un important voyagiste aurait tenté, sans succès, de négocier pour un forfait raisonnable auprès des Italiens, écrivent encore les journaux de Tamedia.
Un autre problème serait lié à la météo difficilement prévisible à cette altitude. Le cas le plus problématique: l'installation s'arrête, alors qu'un groupe de voyageurs qui, a un planning serré, a réservé une traversée. Mais le prix aussi pourrait en décourager certains: un aller simple coûte 156 francs en haute saison. Pour le retour, il faut compter 240 francs. Avec un abonnement demi-tarif ou un abonnement général, le prix est quand même moins élevé.
Hasler comptait sur plusieurs centaines de clients supplémentaires
Depuis début janvier, le téléphérique est à l'arrêt en raison d'importants travaux de révision. Après seulement quelques mois d'exploitation, un câble porteur doit être remplacé. L'installation sera probablement remise en service fin mars. Dorénavant, les révisions auront lieu en hiver, et prendront idéalement moins de temps.
Le premier tronçon de la nouvelle remontée mécanique de Trockenen Steg au Petit Cervin avait pourtant commencé de manière prometteuse. Inauguré en 2018, le nombre de visiteurs sur le Petit Cervin a presque doublé depuis, avec 3000 visiteurs en été, a déclaré Markus Hasler lors de l'inauguration. Il s'attendait à ce que l'offre permanente attire encore quelques centaines de visiteurs supplémentaires. Seule la direction des remontées mécaniques connait le nombre de visiteurs exact.