Fin septembre, une foule d’usagers en colère fulminait sur les quais de gare romands. «Mon train a été supprimé sans prévenir, c’est du n’importe quoi!», écrivait un collègue, arrivé en retard au travail à Lausanne depuis Genève.
Le 5 octobre, les CFF confirmaient ce qu’avait révélé Blick quelques semaines plus tôt: la suppression de plusieurs trains de l’Arc lémanique. Le nombre de trains entre Vevey et Annemasse est réduit, notamment plusieurs RegioExpress, au moins jusqu’au 25 octobre.
L’ex-régie fédérale a invoqué un manque de mécaniciens pour expliquer ces manquements. Est-ce vraiment tout? Frédéric Revaz, porte-parole des CFF, a accepté de détailler les raisons des soucis actuels.
1. Des erreurs dans la planification
«Il faut chaque jour 280 mécaniciens pour faire circuler tous les trains en Suisse romande, précise-t-il. Avec le manque d’effectifs, il nous en manque presque quotidiennement, cela est dû à plusieurs erreurs dans la planification des recrutements.»
Avec comme conséquence la suppression imprévue de plusieurs trains fin septembre. Les CFF souhaitent éviter à tout prix cette situation et préfèrent supprimer certains trains de manière régulière que de risquer des annulations imprévues.
«Il a parfois suffi que quelques mécaniciens soient malades ou absents pour qu’on doive supprimer des trains de manière inopinée. L’annulation de certains RegioExpress en octobre nous permet de rester plus stables au niveau des horaires.»
Ce régime limité va-t-il se prolonger après le 25 octobre? «Il est possible que des suppressions ponctuelles soient encore nécessaires», révèle-t-il.
Le tronçon Lausanne-Genève étant particulièrement fréquenté, la suppression de plusieurs trains mène à des wagons bondés durant les heures de pointe. De nombreux pendulaires doivent rester debout.
Les contrôleurs peuvent-ils autoriser les titulaires d'un titre de transport de deuxième classe à «monter» en première? Au moins une situation où une vingtaine de passagers de deuxième classe sont allés s'asseoir en première a été signalée à Blick. Quelles sont les règles des CFF à ce sujet?
«Cette décision est soumise à l'interprétation des contrôleurs, souligne Frédéric Revaz. Ils s’adaptent à la situation et décident s’il convient d’ouvrir une voiture de 1e classe à tous les passagers.»
Des clients de la première classe se sont-ils montrés insatisfaits car péjorés par cette situation? «Cela reste des cas rares et nous n’avons pas reçu de plaintes à ce sujet.» La Fédération romande des consommateurs explique également n'avoir pas reçu de doléance.
Le tronçon Lausanne-Genève étant particulièrement fréquenté, la suppression de plusieurs trains mène à des wagons bondés durant les heures de pointe. De nombreux pendulaires doivent rester debout.
Les contrôleurs peuvent-ils autoriser les titulaires d'un titre de transport de deuxième classe à «monter» en première? Au moins une situation où une vingtaine de passagers de deuxième classe sont allés s'asseoir en première a été signalée à Blick. Quelles sont les règles des CFF à ce sujet?
«Cette décision est soumise à l'interprétation des contrôleurs, souligne Frédéric Revaz. Ils s’adaptent à la situation et décident s’il convient d’ouvrir une voiture de 1e classe à tous les passagers.»
Des clients de la première classe se sont-ils montrés insatisfaits car péjorés par cette situation? «Cela reste des cas rares et nous n’avons pas reçu de plaintes à ce sujet.» La Fédération romande des consommateurs explique également n'avoir pas reçu de doléance.
2. Les départs à la retraite
Les CFF le concèdent volontiers, il y a de nombreux départs à la retraite à compenser. «La situation devrait se détendre fin octobre avec l’arrivée de 30 nouveaux mécaniciens, explique Frédéric Revaz, puis peu à peu dans les mois suivants. Quelque 200 mécaniciens au total entreront en fonction aux CFF dans les six mois.»
Au cours des prochaines années, les CFF devront recruter quelque 1000 mécaniciens pour remplacer les générations du baby-boom proches de la retraite, anticipait un communiqué des CFF datant d’août 2020.
3. Des retards dans la formation
L’arrivée du Covid a rebattu les cartes d’une situation déjà compliquée, aussi dans la formation. «La pandémie a ralenti l’instruction des nouveaux mécaniciens», concède Frédéric Revaz. «Entre le recrutement et l’entrée en fonction, il faut compter environ deux ans. Cela peut s’allonger avec certaines spécialisations.»
La formation des nouveaux mécaniciens a dû être interrompue en 2020, lorsque la deuxième vague de la pandémie a déferlé sur la Suisse romande. Par effet domino, ces retards se paient cash en ce mois d’octobre 2021.
4. La présence de chantiers
Les lignes des CFF font l’objet de vastes travaux. Quel est le rapport? Provoquent-ils des ralentissements? En fait, l’interruption d’une ligne à cause d’un chantier requiert de doubler le nombre de mécaniciens, illustre le porte-parole.
Deux trains circulent à la place d’un, sur des tronçons dès lors plus courts. Les chauffeurs de bus circulant entre les deux points d’une zone en travaux sont des employés d’entreprises externes.
5. Le tronçon sur territoire français du Léman Express
Les trains du Léman Express, inauguré en décembre 2019 en grande pompe, roulent sur le réseau suisse et français. La situation sur le sol de nos voisins requiert des permis délivrés par les autorités de l’Hexagone. «Les mécaniciens ont besoin d’une autorisation pour accéder à la gare d’Annemasse.»
Habituellement, les mécaniciens la reçoivent après avoir travaillé durant un an aux CFF. «Avec le Léman Express, nous avons eu une dérogation. Les mécaniciens doivent avoir roulé trois mois sur les lignes suisses avant de pouvoir circuler entre Genève et Annemasse.»
S’agit-il d’une règle arbitraire imposée? Frédéric Revaz le réfute. «Ce sont les règles pour pouvoir circuler sur le territoire français. Cette dérogation permet d’accélérer l’entrée en fonction de nouveaux mécaniciens.»
Cela risque-t-il de décaler de trois mois les suppressions de train entre Genève et Annemasse? Le porte-parole des CFF balaie ces craintes: «Non, les RegioExpress supprimés reprennent du service le 25 octobre, comme prévu. Les différents mécaniciens seront répartis en fonction des tronçons sur lesquels ils sont autorisés à naviguer.»