Gerhard Pfister est confiant à 95% sur son avenir politique, comme il l'a déclaré jeudi à la radio SRF. Même si le président du Centre encore en fonction est resté évasif, une chose est sûre: il est toujours considéré comme le favori pour succéder à la conseillère fédérale sortante, Viola Amherd.
Son ambition de devenir conseiller fédéral est depuis longtemps un secret de polichinelle. Il est considéré comme un homme politique puissant et efficace, et a aussi l'avantage d'être originaire d'une région sous-représentée au gouvernement. Cerise sur le gâteau: le moment pour annoncer son départ en tant que chef de parti est tombé à pic, juste une semaine avant la démission de sa collègue Viola Amherd. Mais cela suffit-il pour accéder au Conseil fédéral?
Un caractère difficile, mais qui impose
Gerhard Pfister a assuré qu'il ne quitterait son poste qu'en juin. Or, sa conseillère fédérale le devance de deux mois en démissionnant. S'il veut profiter de l'occasion pour briguer son poste, il faudrait qu'il quitte son siège de chef de parti et se trouve un remplaçant par intérim. Pas impossible, donc.
Au cours de ses neuf années à la tête de l'ancien Parti démocrate chrétien (PDC), Gerhard Pfister a donné un nouveau souffle au parti. Il est devenu l'architecte du Centre, l'a dépoussiéré et l'a replacé dans l'arène politique comme une force bourgeoise, mais sociale. Au cours de ses 20 années au sein du Parlement, il a aussi essuyé des critiques. Il est considéré comme une personne capable de s'imposer, mais avec qui il peut être difficile de travailler.
L'UDC pas convaincue
Cette réputation peut lui être fatale: si le Centre le place sur le ticket, il n'est pas certain que l'Union démocratique du centre (UDC) se range derrière un conseiller fédéral au caractère fort, comme Gerhard Pfister. D'autant plus qu'en tant que chef de parti, il a souvent préféré se tourner vers la gauche sur de nombreuses thématiques sociales. Le bloc bourgeois pourrait alors miser sur un candidat plus «sociable», comme le conseiller national grison, Martin Candinas, plus conciliant et qui sait se faire apprécier de tous.
Mais même si Gerhard Pfister s'est fréquemment allié au Parti socialiste (PS) ou aux syndicats, cela n'est pas dit que la gauche l'élise pour autant. Le centriste a en effet commencé sa carrière dans la Berne fédérale sur l'aile droite radicale du PDC. Depuis, il a prouvé à plusieurs reprises sa capacité d'adaptation – ou son imprévisibilité, diront certains.
Ses chances encore floues
S'il devient conseiller fédéral, Gerhard Pfister sera-t-il «le même» que comme président du parti? Certains parlementaires hésitent à le qualifier de «favori». Il n'en est pas moins considéré comme éligible.
Dans tous les cas, c'est un peu la dernière chance de Gerhard Pfister. Il a le même âge que la ministre de Défense sortante Viola Amherd, ce qui n'est pas un avantage. Lundi, on devrait au moins savoir dans quelle direction le chef du Centre s'est lancé.