Photo: KEYSTONE

Les parents sont à bout de nerfs
Covid à l'école: «Isoler trois enfants? C’est presque impossible»

Le nombre d'enfants atteints du Covid-19 est en forte augmentation en Suisse. Comment les parents réussissent-t-ils à faire face à la situation? Que risquent les jeunes malades? Des experts répondent.
Publié: 12.12.2021 à 11:10 heures
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Dernière mise à jour: 12.12.2021 à 11:12 heures
Sven Zaugg et Tobias Marti

Le nombre de cas de coronavirus en Suisse augmente rapidement, particulièrement chez les enfants et les adolescents. Plus d’un tiers des personnes infectées ont moins de 19 ans, un nouveau record. Les parents de tout le pays se retrouvent confrontés à une difficile question: Comment protéger au mieux mon enfant du Covid?

Certains cantons prennent déjà de nouvelles mesures. À l’instar de Genève qui instaure le masque obligatoire dès 8 ans dans les salles de classe, tout comme Neuchâtel (dès la 9H) et Vaud (dès 10 ans). À Fribourg, ce sont les élèves du secondaire I (12-15 ans) qui devront venir masqués.

Rien que du côté du canton de Vaud, 1338 cas de Covid ont été annoncés de la primaire au secondaire, entre le 29 novembre et le 3 décembre (données les plus récentes). À ce chiffre s’ajoute une centaine d’enseignants testés positifs dans le même intervalle.

«C'est difficile à supporter»

Même son de cloche du côté alémanique. À Bâle, 773 élèves sont en auto-isolement (parce qu’infectés) ou en quarantaine (parce que cas contact), ainsi que 111 enseignants. L’école publique zurichoise a mis environ 3000 élèves en quarantaine cette semaine.

«Isoler trois enfants, c’est quasiment impossible», confie à Blick une mère au bout du rouleau. Malgré le vaccin, cette maman originaire du canton de Berne a été infectée par le coronavirus et doit se confiner avec sa famille. «Ne pas pouvoir participer à la Saint-Nicolas et voir du monde, surtout pendant la période de l’Avent, c’est très difficile à supporter», se désole-t-elle.

«Dans les écoles, le nombre de cas n’a jamais été aussi élevé», a souligné vendredi Christine Häsler, la directrice de l’éducation bernoise.

Des parents à bout

Cours à distance et activités parascolaires réduites: de nombreux parents sont à bout de nerfs. «Le fils est en quarantaine, la fille sort tard le soir pour une fête d’étudiants, les parents sont à nouveau en télétravail et se disputent à propos de l’éducation», c’est ainsi que Margareta Hofmann, thérapeute à Zurich, résume le quotidien typique d’une famille. Le nouveau variant Omicron ne va pas aider à calmer la zizanie. La spécialiste du comportement note toutefois la capacité de nombreux parents à s’adapter à la situation.

Les limites se font déjà sentir pour certains. Christine Harzheim, thérapeute à Berne, reçoit de plus en plus de pères et de mères épuisés. Elle explique: «Les parents remarquent que leur relation de couple est mise à mal et ont peur que la famille se désagrège.» Du côté des enfants, la thérapeute diagnostique entre autres des difficultés pour s'endormir, de l’anxiété et des crises de colère.

Des tests chaque semaine

À Zurich, la pharmacienne Natalia Blarer est submergée par les demandes de tests. Certains jours, c'est une personne positive sur trois qui a été infectée en milieu scolaire. «La panique s’installe, de nombreux parents sont confrontés pour la première fois à un test positif» raconte-t-elle.

Certains ne parviennent pas à garder leur calme face au résultat, d’autres appellent le laboratoire sans relâche. Pour Natalia Blarer, cette évolution est inquiétante. «Il y a des familles qui doivent faire des tests chaque semaine parce que l’un des enfants est symptomatique ou a été cas contact», précise-t-elle.

Rudolf Hauri, médecin cantonal de Zoug, avertit: les salles de classe représentent désormais les principaux foyers d’infection. «Les enfants jouent un rôle considérable dans la propagation du virus», constate-t-il.

Quid du Covid long chez les enfants?

Outre la possibilité d’être eux-mêmes contaminés, les parents craignent particulièrement les conséquences du Covid long. Les données sont encore trop lacunaires pour en tirer des conclusions définitives. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), des symptômes comme la fatigue, l’essoufflement et des troubles cognitifs persistants au-delà de trois mois sont les signes d’un Covid long. Près de 2 à 4% des enfants malades du Covid développeraient ces symptômes.

Les spécialistes sont unanimes: les enfants doivent eux aussi être vaccinés. Cela vaut en particulier pour ceux qui souffrent de maladies chroniques graves. En Suisse, quelque 400’000 enfants et adolescents âgés de douze à dix-neuf ans ont été immunisés jusqu’à présent. Mais à l’instar des adultes, le rythme a considérablement ralenti.

Vendredi, l’autorité de contrôle des produits thérapeutiques Swissmedic a autorisé le vaccin de Biontech/Pfizer pour les enfants à partir de cinq ans (le vaccin de Moderna ne l’est pas encore). Chaque autorisation est une bonne nouvelle, mais elle crée une pression supplémentaire pour les parents: vais-je faire vacciner mon enfant ou non? C’est la question qui fera débat pendant les dîners en famille des fêtes de cette fin d'année.

«Vacciner les enfants n’est pas chose facile»

Marc Sidler, président des Pédiatres Suisse, explique: «Faire vacciner ses enfants n’est pas chose facile. Les parents ont besoin de plus de temps. Ils ont des craintes.» Les médecins et les centres de vaccination doivent s’adapter pour cette nouvelle étape, et vite. «C’est maintenant aux cantons d’intervenir. Ils doivent recruter du personnel qualifié et mettre en place l’infrastructure nécessaire le plus rapidement possible», souligne le spécialiste.

L’évolution de la pandémie dépend également du nouveau variant Omicron. En Écosse, plus de la moitié des infections lui sont déjà attribuées. En Suisse, le variant devrait dominer au plus tard début janvier, selon Anne Lévy, cheffe de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP).

On peut donc supposer que le taux d’infection va à nouveau s’accélérer chez les plus jeunes. Mais quel danger représente le variant Omicron pour les enfants?

Pas encore de décès dus au variant Omicron

Pour répondre à cette question, Blick a contacté Mignon McCulloch, pédiatre en chef en Afrique du Sud, le pays où le nouveau variant a été séquencé pour la première fois. Là-bas, le nombre de cas de Covid double chaque jour. L’experte confirme les craintes des parents: «Nous enregistrons toujours davantage d’hospitalisations d’enfants.»

Elle conseille néanmoins aux pays européens de ne pas céder à la panique. En Afrique du Sud, aucun enfant n’est mort du variant Omicron. «Ce n’est pas comme si des centaines d’enfants étaient actuellement sous ventilateur», poursuit la médecin du Cap. Le fait que tant d’enfants soient infectés en Afrique du Sud est également dû à la démographie. «30% de la population a moins de 14 ans», rappelle-t-elle.

Après ce détour, retour en Suisse. Alors que Noël arrive, la cinquième vague ne semble pas être sur le point de se briser.

Le Conseil fédéral a mis en consultation deux projets pour durcir les mesures. Il faudra attendre le 14 décembre pour savoir ce qui a été décidé. En attendant, ce sont des milliers de personnes qui sont en quarantaine sur tout le territoire. Espérons qu’Omicron ne viendra pas (trop) gâcher les fêtes de fin d’année.

(Adaptation par Jessica Chautems)

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