Le 15 février, l'Institut Robert Koch (RKI) a publié un rapport qui met en évidence l'augmentation rapide des infections par la syphilis. Et les conclusions donnent aux médecins allemands des raisons de s'inquiéter: depuis 2010, les diagnostics ne cessent d'augmenter, le nombre d'infections atteignant un nouveau record en 2022.
Mais l'Allemagne n'est pas un cas isolé. Selon les chiffres de l'OMS, le nombre de cas augmente dans le monde entier. 7,1 millions de personnes ont été diagnostiquées avec la syphilis en 2020. En Suisse, selon l'Office fédéral de la santé publique (OFSP), 1078 nouveaux cas ont été enregistrés en 2022 – une augmentation de 19,8% par rapport à l'année précédente. Ainsi, environ 9,3 Suisses sur 100'000 sont concernés.
Pas d'inquiétude pour la Suisse?
La syphilis est une maladie bactérienne sexuellement transmissible. Elles pénètrent dans l'organisme par contact direct avec la peau ou par les muqueuses des zones génitales et anales ainsi que par la gorge. Il suffit donc d'un baiser pour que la maladie se déclare. Jusqu'à l'invention de la pénicilline, l'infection a coûté la vie à de nombreuses personnes.
La maladie a longtemps été considérée comme éradiquée. L'accès aux rapports sexuels tarifés et le fait d'avoir plusieurs partenaires a toutefois relancé la propagation de la maladie. Mais selon l'OFSP, il n'y a actuellement aucune raison de s'inquiéter. «Ces dernières années, le nombre de cas de syphilis déclarés en Suisse est resté globalement stable, ou a légèrement augmenté, mais à un niveau élevé.» L'OFSP se réfère ici à la valeur moyenne avant le Covid. Car pendant la pandémie, la valeur s'est effondrée en raison du confinement. Les chiffres pour 2023 n'ont pas encore été publiés.
Les régions urbaines particulièrement touchées
La répartition géographique des diagnostics de syphilis montre que les régions urbaines, notamment l'agglomération de Zurich (16,9%) et l'arc lémanique (12,8%), représentent la plus grande part des personnes infectées. Les hommes qui ont des contacts sexuels avec d'autres hommes sont particulièrement concernés: ils représentent environ 60,6%.
Les travailleuses du sexe sont également exposées à un risque d'infection plus élevé en raison de leur activité. «Le sexe contre rémunération joue un rôle important dans la transmission de la syphilis chez les hommes et les femmes hétérosexuels, contrairement à celle du VIH», explique l'OFSP. Les personnes qui changent souvent de partenaires sexuels peuvent aussi être touchées.
La syphilis se manifeste à quatre stades différents, mais les symptômes n'apparaissent que pendant les trois premiers. Les taches rouges et les nodules qui se forment sur les parties génitales au premier stade sont suivis d'une éruption cutanée qui ne démange pas. Le danger de ces symptômes est qu'ils disparaissent généralement au bout de quatre à six semaines, sans aucun traitement. La maladie reste toutefois présente. On peut néanmoins être rassuré: si la syphilis est détectée tôt, elle peut être traitée par une antibiothérapie.
Ne pas ressentir de honte!
A partir du troisième stade, les bactéries s'attaquent non seulement au cœur, au cerveau, aux os, à la peau et à d'autres organes, mais aussi au système nerveux. Au quatrième stade, les symptômes disparaissent, et le système nerveux peut être gravement endommagé.
Ces situations sont toutefois rares grâce à la médecine avancée. Il est néanmoins important de consulter un médecin tôt. Et en aucun cas, il faut en avoir honte. Utiliser des moyens de protections tels que le préservatif pour éviter toutes contaminations d'infections sexuellement transmissibles est la meilleure solution pour ne prendre aucun risque pour soi, et pour les autres.