Une interview provoque actuellement un vif émoi dans le secteur de l'hôtellerie. «En la lisant cela, mes cheveux se sont hérissés», gronde Andreas Züllig, président d'Hotelleriesuisse.
Voilà que Glenn Fogel, chef de la plateforme de réservation Booking.com, s'en prend violemment aux hôteliers suisses dans la «Neue Zürcher Zeitung». Il les accuse d'«enrichissement illégitime», et même de «parasitisme».
En cause: ce mercredi, le Conseil des États vote sur la «Lex Booking». Cette loi veut permettre aux hôtels en Suisse de continuer à proposer des chambres moins chères sur leur propre site Internet. «Nous nous opposons à ce contrat d'adhésion de Booking.com», explique Andreas Züllig. Sans doute avec succès: la clause dite de parité devrait tomber, le Conseil national a déjà approuvé la modification de la loi en mars.
De grosses sommes en jeu
Pour le plus grand portail de voyages en ligne d'Europe et d'Amérique du Nord, l'enjeu est de taille. «Booking.com gagne nettement plus par chambre en Suisse que dans d'autres pays, car les prix y sont plus élevés», poursuit Andreas Züllig.
Le patron de l'hôtel Schweizerhof à Lenzerheide (GR) ne comprend malgré tout absolument pas cette violente attaque du site web envers les hôteliers: «Le patron de Booking.com a encaissé 54 millions de dollars l'année dernière – et nous, petits hôteliers de Suisse, il nous accuse de nous enrichir... Cela ne va pas du tout».
Le premier hôtelier suisse défend son secteur: «Le reproche d'enrichissement illégitime est faux. Au contraire, Booking.com limite fortement la liberté d'entreprise des hôtels suisses». De plus: dans les pays voisins, la clause de parité est interdite depuis longtemps. «Nous voulons être sur un pied d'égalité avec nos concurrents étrangers», exige la branche.
Un important fournisseur de clients
Même si le patron de Booking.com tente de présenter la situation de la concurrence un peu différemment dans l'interview, il n'y a pas non plus d'autre solution pour les hôtels en Suisse que de passer par le géant. «Le pouvoir de marché de Booking.com est énorme. Sa part sur les plateformes de réservation est de 70%», explique Andreas Züllig. Il souhaite donc que la modification de la loi stimule un peu la concurrence dans la branche.
Toutefois, l'hôtelier connaît aussi l'utilité des portails web: «Booking.com et toutes les autres plates-formes de réservation sont de bons fournisseurs de clients». Pour de nombreux petits hôtels en particulier, Booking.com est le canal de réservation le plus important, c'est le seul moyen pour eux d'être visibles en ligne». Et ils économisent donc pas mal d'argent en publicité, par exemple.