Un secteur sous pression
Après le Covid, les Suisses ne veulent plus faire de fitness

La pandémie est presque terminée, il n'y a plus de restrictions. Pourtant, de nombreux Suisses ne sont jamais retournés au fit. Ce sont surtout les plus âgés qui restent prudents. Reportage.
Publié: 19.09.2022 à 07:43 heures
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Dernière mise à jour: 19.09.2022 à 07:54 heures
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Linus Maillard a plus de temps qu'il ne le souhaiterait. Ce jeudi après-midi, le studio de fitness Body Move qu'il dirige est presque vide.
Photo: STEFAN BOHRER
Thomas Schlittler

Linus Maillard a plus de temps qu’il ne lui en faudrait. Ce jeudi après-midi, le studio de fitness Body Move que le Suisse de 26 ans dirige à Bâle-Campagne est presque vide. Il a rendez-vous avec Blick pour une séance photo.

Elle ne sera interrompue qu’une seule fois. «Tu t’es fait une coupe de cheveux?», plaisante un habitué. Linus Maillard connaît ses clients – du moins ceux qui leur sont restés fidèles, à lui et à son équipe. Il y a trois ans, le Body Move comptait environ 1100 membres. Actuellement, ils sont à peine 600. «Le Covid n’est malheureusement pas encore terminé pour nous», se désole le jeune homme. Selon lui, nombreux sont les clients qui ne sont toujours pas revenus au centre de fitness.

La peur persiste chez les seniors

Or, Body Move n’est pas un cas isolé, comme le montre une enquête de la Fédération suisse des centres de fitness et de santé (FSCF). Selon les résultats, dont Blick a eu connaissance en exclusivité, presque tous les studios sont encore loin de la situation normale. Sur 196 établissements interrogés, seuls trois ont indiqué avoir retrouvé le même nombre de clients qu’avant la crise du coronavirus.

Par rapport à l’automne 2019, 72 établissements, soit environ un tiers des personnes interrogées, signalent une baisse de fréquentation de 21 à 30%. Un autre tiers, soit 70 établissements, accueillent 31 à 50% de clients en moins qu’avant la pandémie. Et un fit sur 20 n’atteint même pas la moitié de son taux d’occupation habituel. «En moyenne, nos membres réalisent encore à l’automne 2022 environ 30% de chiffre d’affaires en moins qu’avant la pandémie. C’est une menace pour leur existence!», s'alarme Claude Amman, le président de la FSPC.

Le président de la FSPC, Claude Ammann.
Photo: Philippe Rossier


Personne ne peut dire de manière définitive quelles en sont les raisons. Linus Maillard suppose qu’un certain malaise persiste au sein de la génération plus âgée. «Pendant des mois, on a dit aux gens qu’il était dangereux d’aller au fitness. Certains ont donc encore aujourd’hui peur de s’entraîner chez nous.» Parmi les jeunes, le spécialiste diplômé en promotion de la forme et de la santé observe une évolution. «Beaucoup ont découvert de nouvelles activités en plein air pendant la pandémie», poursuit Linus Maillard. D’autres, en revanche, se seraient tournés vers le canapé et auraient désormais du mal à redevenir actifs.

Les prochains mois seront déterminants pour le secteur. «C’est à l’automne que la plupart des abonnements sont conclus», déclare Claude Ammann. Il espère que le secteur pourra enfin regagner du terrain. La condition préalable? Que les clients aient confiance dans le fait de pouvoir utiliser leur abonnement. «Le pire qui pourrait nous arriver serait de nouvelles restrictions dans les mois à venir.»

«On ne peut pas continuer comme ça!»

Claude Ammann souligne que sa branche a fait des sacrifices extraordinaires pour surmonter la crise. En particulier, le fait d’avoir prolongé les abonnements de la durée des fermetures pèse encore sur les comptes des fitness aujourd’hui. «La liquidité est un grand défi», assène-t-il. Si d’autres mesures devaient être prises, la fédération de fitness devrait demander un soutien généreux de la part de la Confédération et des cantons. Non seulement en cas de fermeture, mais aussi en cas de limitation des capacités ou d’une éventuelle obligation de porter un masque. «L’expérience montre que même dans ces circonstances, nous subissons des pertes importantes», relève Claude Ammann.

Ces deux dernières années, le Body Move d’Aesch a pu profiter de ses succès antérieurs. «Nous avons la chance d’exister depuis plus de dix ans et d’avoir eu une très bonne gestion avant la pandémie», explique Linus Maillard. Pour maintenir les coûts à un bas niveau, toutes les dépenses qui ne sont pas absolument urgentes ont été supprimées: moins de leçons pour les instructeurs indépendants, faire le ménage soi-même, pas de publicité et pas d’investissements dans de nouvelles infrastructures.

«Mais cela ne peut bien sûr pas continuer ainsi», poursuit le directeur. Il n’a pas perdu l’espoir que lui et son équipe puissent bientôt accueillir de nouveaux membres. «Nous sommes prêts et nous nous en réjouissons!»

(Adaptation par Fanny Cheseaux)

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