Depuis janvier, la Suisse a enregistré une surmortalité flagrante: pour la catégorie de 65 ans et plus, 4500 personnes de plus sont décédées que ce qui avait été anticipé.
Sur 2022, 24 semaines sur 41 ont été marquées par une surmortalité. Si cette tendance se poursuit dans les mois à venir, l’année 2022 pourrait entrer dans l’histoire pour son taux de mortalité sans précédent, rapporte le «Tages-Anzeiger», en se basant sur les chiffres de l’Office fédéral de la statistique (OFS).
15’000 morts de plus que prévu
Les deux principaux suspects de cette évolution? Le Covid-19 et l’été caniculaire. Dès la première année de la pandémie, le nombre de décès a été supérieur à la moyenne: en Suisse, les autorités ont dénombré 7600 décès supplémentaires. Si l’on additionne les décès des deux années et demie précédentes, le chiffre est inquiétant: 15’000 morts de plus qu’anticipé. Ce sont presque exclusivement des personnes de plus de 65 ans qui sont concernées. Chez les plus jeunes, il n’y a pas de surmortalité notable ces dernières années.
Martin Röösli, épidémiologiste à l’Institut tropical et de santé publique suisse à Bâle, est perplexe face à cette surmortalité des plus de 65 ans dans les colonnes du «Tages-Anzeiger». Les causes sont multiples, selon lui. «Les personnes ayant contracté le Covid pourraient être plus sensibles à la chaleur, aux infections ou à d’autres problèmes de santé», explique-t-il. Mais ce n’est pas tout: la surcharge du système de santé, et donc la dégradation de la qualité des soins, a probablement eu un impact.
L’Office fédéral de la statistique enquête
Les chiffres officiels de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) semblent indiquer que le nombre de décès causé par le Covid ne joue qu’un rôle minime quant à la surmortalité. Depuis le mois de mai, l’office enregistre en moyenne deux à trois morts par jour.
L’Office fédéral de la statistique (OFS) a pris position à sujet auprès de nos collègues du «Tages-Anzeiger»: «Une des raisons de cet écart croissant pourrait être une diminution de la conformité de la déclaration dans le cadre des maladies infectieuses à déclaration obligatoire.» Concrètement, cela signifie que le coronavirus est potentiellement tout de même le moteur de cette surmortalité, mais que les cas ne sont pas déclarés: les hôpitaux pratiquent de moins en moins de tests.
Deux méthodes différentes
La statistique des causes de décès pour l’année 2020 de l’OFS montrait déjà qu’il y avait nettement plus de morts à cause du Covid que ce que l’OFSP avait initialement indiqué. La raison de cette différence: l’OFSP s’appuie sur le système de déclaration issu de la pratique médicale et communique au quotidien. Les statistiques sur les décès se basent en revanche sur les données des offices d’état civil, auxquels les médecins communiquent la cause principale du décès et les maladies concomitantes avec le certificat de décès.
Seule la statistique de l’OFS pour l’année 2022 fournira donc des informations précises sur les causes de la surmortalité actuelle. Au plus tôt, ces données ne seront publiées que dans un an et demi. Jusqu'alors, la perplexité pourrait rester de mise pour les experts.