Les Etats préparent un plan à plusieurs milliards
Le Conseil fédéral refuse d'allouer un emprunt de défense à l'armée

En Suisse, certains politiciens luttent pour obtenir des moyens financiers supplémentaires pour l'armée. Mais le Conseil fédéral rejette l'idée d'un emprunt pour la défense nationale, comme cela avait déjà été le cas en 1936. La raison? Cela ne servirait à rien.
Publié: 10.05.2024 à 12:01 heures
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Dernière mise à jour: 10.05.2024 à 18:22 heures
L'armée a besoin d'argent, de beaucoup d'argent. Mais le Conseil fédéral refuse de lui allouer un emprunt de défense.
Photo: KEYSTONE
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Tobias Ochsenbein

L’armée suisse manque d’argent à tous les coins de rue. Mais pour moderniser le bataillon, il faut plus de cartouches, demandent certains politiciens. Le conseiller aux Etats UDC bernois Werner Salzmann a, lui aussi, cherché des moyens de financement supplémentaires pour l’armée. Il a donc récemment chargé le Conseil fédéral d’examiner si un emprunt de défense pouvait aider l’armée à trouver les sous manquants.

L’idée est la suivante: les citoyens suisses et les investisseurs étrangers auraient ainsi la possibilité d’investir dans l’armée. Comme cela avait déjà fonctionné en 1936 face à la menace de guerre qui se profilait en Europe et au réarmement massif de l’Allemagne.

«Un emprunt pour la défense n’améliorerait pas la situation»

Le Conseil fédéral a discuté du projet d’emprunt de défense pour pallier l’augmentation des dépenses de l’armée. Mais il le rejette. Et ce, parce que le frein à l’endettement fait obstacle à un emprunt. Celui-ci exige en effet que les dépenses soient financées par des recettes et non par un endettement supplémentaire. Or, une installation de défense serait un endettement supplémentaire de la Confédération sur le marché des capitaux.

Un emprunt pour la défense nationale n’améliorerait donc pas la situation budgétaire, a expliqué le gouvernement fédéral dans sa réponse à l’intervention de Werner Salzmann publiée mercredi. Étant donné que la situation budgétaire est principalement affectée par une forte croissance des dépenses par rapport aux recettes et non par des problèmes d’acquisition de fonds, l’émission d’un emprunt pour la défense nationale n’apporterait aucune valeur ajoutée et ne serait donc pas nécessaire, a estimé le Conseil fédéral.

Un marché de plusieurs milliards au Conseil des Etats?

Différentes idées circulent actuellement au Palais fédéral sur la manière d’allouer plus d’argent à l’armée, malgré la pression des économies au sein de la Confédération. On discute actuellement d’un accord à plusieurs milliards: les politiciens du Conseil des Etats ont ficelé un paquet pour réarmer l’armée et reconstruire l’Ukraine, comme l’a révélé le Blick en avril.

Pour cela, il est prévu de donner au total 15 milliards de francs: 10,1 milliards de francs à l’armée et 5 milliards de francs à l’Ukraine pour la reconstruction, sans que la somme de l’aide au développement soit prélevée sur les projets d’autres pays. Tout cela sans tenir compte du frein à l’endettement, au moyen d’une comptabilisation extraordinaire.

Il est prévu que le Conseil des Etats se prononce début juin sur le message sur l’armée 2024 et ensuite sur la proposition correspondante pour le deal de 15 milliards. Il n’est pas certain que cette proposition obtienne une majorité.

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