Les douaniers mettent en garde
«Il existe des liens entre l'import illégal de viande et les milieux criminels»

L'année dernière, l'Office fédéral des douanes et de la sécurité des frontières a intercepté 208 tonnes de viande issues de la contrebande. Le chef de l'autorité de poursuite pénale explique que l'importation illégale de viande est en plein essor en Suisse.
Publié: 12.03.2025 à 19:32 heures
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La contrebande de viande vers la Suisse est en plein essor.
Photo: Bundesamt für Zoll und Grenzsicherheit
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La contrebande de viande vers la Suisse est en plein essor.
Photo: Bundesamt für Zoll und Grenzsicherheit
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Denis Molnar

«La viande et le tabac font partie des marchandises les plus souvent introduites illégalement en Suisse à des fins lucratives», signale Urs Bartenschlager. Il est le chef des Poursuites pénales de l'Office fédéral des douanes et de la sécurité des frontières (OFDF), qui a intercepté l'année dernière plus de 208 tonnes de viande illégale, parmi un total de 500 tonnes saisies au cours des trois dernières années. 

Bien qu'il n'existe pas de chiffres officiels, on estime que le nombre de cas réels est bien plus élevé. Car importer de la viande de l'étranger est un business juteux: les prix de production sont très bas, pour des bénéfices élevés. La majeure partie de cette viande illégale est importée en Suisse à titre professionnel, soit de manière organisée et coordonnée.

Une organisation bien rodée

Les douanes sont aux premières loges et voient passer un peu de tout. Et la viande est particulièrement prisée. «Les morceaux nobles, comme l'entrecôte et le filet, sont spécialement appréciés. Mais il nous arrive aussi d'intercepter des moitiés d'animaux qui traversent la frontière dans des voitures ou des petites camionnettes, sans même être réfrigérées. Tout cela pour éviter les taxes», révèle Urs Bartenschlager.

La viande illégale qui parvient toutefois à passer entre les mailles du filet – jusqu'à 800 kilos, voire plus, par envoi! – est souvent entreposée temporairement dans un lieu disposant d'une infrastructure frigorifique. «Tout est organisé de manière très professionnelle», explique Urs Bartenschlager. La marchandise est ensuite livrée aux restaurants, aux magasins de quartier ou aux boucheries.

Des organisations criminelles

«Nous avons des indices qui montrent qu'il existe des réseaux criminels. Car il arrive que des mêmes personnes agissent aussi dans le milieu de la contrebande de tabac ou du blanchiment d'argent.» Dans ce contexte, les douanes travaillent en étroite collaboration avec les polices cantonales compétentes.

Ce trafic n'engendre pas uniquement des conséquences économiques négatives pour la Suisse, qui se chiffre en millions, mais a aussi – et surtout – un impact sur la santé de la population. «Personne ne souhaite avoir dans son assiette un filet qui a été transporté illégalement dans le coffre d'une voiture, sans avoir été emballé et réfrigéré correctement.»

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