«Qu'il aille au diable!», «Il ne vaut pas mieux que les journalistes toutous du gouvernement», «Il n'a pas l'air en bonne santé...»: sur Telegram, les messages tirent à boulets rouges sur Roger Köppel.
Que s'est-il passé? C'est ce qui s'appelle un virage à 180 degrés: le patron de la «Weltwoche», jusqu'ici très critique de l'action du gouvernement dans la crise du Covid et de toutes les mesures, s'est prononcé en faveur de la vaccination.
Dans le format vidéo «Weltwoche Daily», l'élu UDC au Conseil national a estimé que les non-vaccinés devaient «être confrontés aux faits»: «Nous avons affaire à une pandémie de personnes non-vaccinées en ce moment», a déclaré Roger Köppel, qui avait troqué son costard pour un t-shirt.
Une prise de position qui tranche totalement avec les dernières sorties publiques de Roger Köppel: le patron de la Weltwoche était très critique des mesures du gouvernement. La vidéo, publiée sur YouTube, a déclenché près de 1000 commentaires et obtenu beaucoup plus d'avis négatifs que d'habitude.
«Il faut penser en termes de Realpolitik»
L'éditeur alémanique s'adresse directement aux détracteurs des mesures Covid: «J'étais aussi l'un de vous. J'ai vivement critiqué les mesures. Mais à un moment, il faut penser en termes de Realpolitik.»
Au début de l'année, le conseiller national appelait les restaurateurs ou les gérants de tennis, fitness ou autres commerces d'ouvrir leurs établissements. «Dès le 1er mars, ouvrez-tout, en respectant les mesures de précaution mais sans prendre en compte l'avis du gouvernement.»
Son argumentaire de l'époque: le Conseil fédéral n'a aucune légitimité pour les mesures Covid. Maintenant, Roger Köppel s'en prend aux réfractaires de la vaccination: «Si les chiffres continuent d'augmenter, le Conseil fédéral aura de nouveau un élan pour un lockdown, même partiel.» C'est le scénario qu'il faut à tout prix éviter et qui conduit l'élu UDC à appeler à la vaccination. «On peut aller se faire vacciner sans se justifier», explique-t-il.
Cela ne plaît pas du tout à ses (anciens) fans, habitués au discours permanent anti-Conseil fédéral de Roger Köppel. Sa volte-face sur le Covid a déclenché un incendie sur Telegram. «J'étais un fidèle auditeur de Weltwoche Daily. Maintenant, c'est fini», écrit l'un d'entre eux. Beaucoup abondent dans le même sens, certains estimant qu'il «parlait différemment que d'habitude».
Le Covid divise beaucoup à l'UDC. Mardi, le ministre argovien de la santé Jean-Pierre Gallati et le conseiller national Andreas Glarner ont croisé le fer à l'initiative de Blick. Le second, franc-tireur habitué, s'en est beaucoup pris au premier. Fait cocasse: les deux hommes sont des compères de longue date, pour ne pas écrire de toujours.
«Cette sauce est encore en test»
Comme les délégués de l'UDC ce week-end à Fribourg, Andreas Glarner rejette le certificat Covid. Le conseiller national va plus loin: «Actuellement, cette sauce que l'on doit s'injecter est encore au stade de tests». Il a pourtant reçu deux doses de cette «sauce», ce que son ami n'arrive pas à comprendre.
Jean-Pierre Gallati se range, lui, du côté des directeurs de la santé en estimant cette position «absurde». Il considère, comme également tous les membres de l'UDC ayant une fonction exécutive, que le certificat Covid est le seul moyen d'éviter la fermeture de magasins et restaurants.
