La CDU et la CSU (droite conservatrice) se sont mises d'accord cette semaine sur un contrat de coalition avec le SPD (social-démocrate). Selon le futur chancelier Friedrich Merz, le programme de 144 pages du nouveau gouvernement allemand «maintiendra la stabilité de l'Allemagne et la rendra plus sûre et plus forte économiquement».
L'un des thèmes centraux du document intitulé «Responsabilité pour l'Allemagne» est le changement de cap en matière de migration. L'Allemagne veut à l'avenir effectuer des contrôles encore plus stricts aux frontières, ce qui devrait avoir des répercussions sur la Suisse. Mais un autre point aura des conséquences encore plus importantes, et surtout positives, pour notre pays.
La formule magique? Le frein à l'endettement
Commençons par la mauvaise nouvelle: le futur gouvernement poursuivra les contrôles aux frontières déjà introduits en octobre 2023 «jusqu'à ce que la protection des frontières extérieures de l'UE soit opérationnelle». Cette procédure a provoqué de fréquents bouchons routiers, surtout dans la région de Bâle. L'ampleur future des contrôles devrait donc rendre ce chaos automobile encore plus conséquent.
Gilbert Casasus, professeur émérite d'études européennes à l'Université de Fribourg, part du principe que Berne et Berlin chercheront à renforcer leur collaboration au niveau politique dans le domaine de la migration. «Il faut donc s'attendre à une accélération transfrontalière des procédures d'asile en Allemagne et en Suisse».
Mais les plus grandes répercussions sur la Suisse, tant au niveau économique que politique, sont attendues du côté de l'assouplissement du frein à l'endettement. Le politologue Klaus Armingeon, chercheur associé à l'Université de Zurich, en est convaincu: «La levée de ce blocage aura pour conséquence que l'Allemagne dépensera nettement plus d'argent, surtout dans les domaines militaires, infrastructurels et environnementaux».
Au total, des investissements pouvant atteindre 500 milliards d'euros seront envisageables. Leurs conséquences? D'un côté plus de dettes, de l'autre une croissance économique plus forte et un chômage en baisse. Pour la Suisse et son économie, c'est une nouvelle réjouissante, estime Klaus Armingeon. «Si l'Allemagne se porte bien, c'est aussi le cas de la Suisse!»
Nouveaux débats probables en Suisse
Au niveau politique également, la charge de la dette allemande pourrait devenir un sujet de discussion en Suisse. «Le fait que l'Allemagne, qui a en fait inventé le frein à l'endettement et l'a imposé à l'UE, supprime maintenant ce système de levier peut être un signal au-delà des frontières nationales et conduire à de nouvelles discussions en Suisse sur son abolition», déclare Klaus Armingeon.
Dans notre pays, le frein à l'endettement introduit en 2003 est régulièrement attaqué par la gauche, car il contraint la Confédération à l'austérité et empêche ainsi les investissements.
Un ministre des Affaires étrangères attendu au tournant
La question du ministre des Affaires étrangères, qui pour la première fois depuis 60 ans sera à nouveau issu de la CDU, est également très importante pour la coopération entre les deux pays. Pour l'heure, on ne sait pas encore qui occupera ce poste, les noms des ministres devraient être connus au plus tôt le 30 avril. S'il s'agit d'un pro-européen engagé, le Conseil fédéral serait plutôt sceptique à son égard.
«Un pro-américain pourrait rencontrer plus d'approbation de la part du gouvernement suisse, estime Gilbert Casasus. Notamment parce que Berne, au vu des développements de la politique mondiale, cherche manifestement à établir un lien direct avec Washington et tente de faire passer cela pour un succès, tant sur le plan de la politique intérieure que de la politique extérieure.»
Le fait que la CDU/CSU et le SPD aient mis sous toit l'accord de coalition avant Pâques est avant tout lié à la pression extérieure: la situation mondiale instable a contraint les partis ennemis à faire des compromis. La CDU/CSU a certes imposé sa ligne dure en matière d'immigration, mais le SPD a pu s'emparer de sept ministères sur un total de 17, dont le très important ministère des Finances.
La relation entre Berne et Berlin va-t-elle changer de manière générale avec le nouveau gouvernement? Klaus Armingeon pense que le train continuera à rouler sur les mêmes rails. «Que ce soit sous le chancelier Scholz ou Merz, je ne doute pas que la Suisse soit toujours très bien accueillie en Allemagne. C'est une amitié à préserver.»