Les automobilistes passent à la caisse
«Malgré le prix de l'essence, les Suisses continuent à faire abondamment le plein»

Les prix élevés à la pompe sont une conséquence de la guerre en Ukraine. Depuis peu, le bas niveau du Rhin fait encore grimper les prix. Et pourtant, on ne roule pas moins en voiture. Comment cela se fait-il?
Publié: 24.07.2022 à 13:01 heures
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Dernière mise à jour: 24.07.2022 à 15:01 heures
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Certains automobilistes n'en croient pas leurs yeux quand ils voient le prix de leur plein.
Photo: IMAGO/Wolfgang Maria Weber
Berger Patrik

Depuis des mois, les automobilistes suisses n'en croient pas leurs yeux lorsqu'ils passent à la caisse après avoir rempli leur voiture. Pour faire le plein d'un engin de classe moyenne, il faut rapidement débourser 100 francs ou plus, que ce soit pour le diesel ou le sans-plomb. La faute à la guerre en Ukraine. En plus de ça, le faible niveau du Rhin en raison de la chaleur, fleuve par lequel la majeure partie du carburant est acheminée en Suisse, achève de faire grimper les prix. En comparaison européenne, l'essence en Suisse est donc la plus chère.

Il n'y a alors qu'une chose à faire: laisser sa chère voiture au garage et prendre les transports publics. Ou faire ses courses quotidiennes à pied. Seulement, comme le rapporte le «Tages-Anzeiger», peu de gens changent leurs habitudes. Les chiffres dont dispose le journal montrent qu'en Suisse, le prix élevé n'a que peu ou pas d'influence sur la demande de carburants.

Le prix n'influence pas la demande

Les chiffres d'Avenergy - anciennement connue sous le nom d'Union pétrolière - sont impressionnants. Ainsi, 191'000 tonnes d'essence ont été consommées en mars. En avril, 175'000 tonnes. Mais lorsque les prix ont vraiment augmenté en mai, la consommation n'a pas diminué. Bien au contraire: 185'000 tonnes d'essence ont été vendues.

Comment cela se fait-il? «Nos expériences passées montrent que la demande de carburants, et par conséquent les ventes, ne sont que très peu, voire pas du tout, influencées par le prix», explique Fabian Bilger, directeur adjoint d'Avenergy, au «Tages-Anzeiger».

«Les gens qui ont une voiture veulent la conduire dans tous les cas»

Johanna Gollnhofer, professeure de marketing à la HSG qui apparaît dans l'article du journal alémanique, est formelle: «Les hausses de prix de l'essence font toujours l'objet de débats passionnés. Pourtant, on continue à faire abondamment le plein.» Selon elle, la demande ne baisse pas automatiquement. Car «les gens qui ont une voiture veulent la conduire dans tous les cas», conclut-elle.

La situation est très différente aux États-Unis, grande nation dans le domaine de l'automobile. La semaine dernière, les ventes d'essence et de diesel ont baissé de près de 10% par rapport à l'année précédente. Cette semaine, c'était encore 7,8% de moins, comme l'écrit le «Wall Street Journal». Concrètement, cela signifie que les Américains laissent davantage leurs SUV sur le parking de leur maison en raison des prix élevés.

Les Suisses comparent plus souvent les prix qu'auparavant

Le préjugé selon lequel les Suisses sont peu sensibles aux prix semble se confirmer à la pompe à essence. Pourtant, un récent sondage représentatif réalisé par l'institut de sondage GfK pour le compte du distributeur en ligne Digitec Galaxus conclut que la moitié des habitants de Suisse comparent actuellement les prix plus souvent qu'auparavant.

Cela ne vaut pas seulement pour faire le plein, mais aussi lors de la réservation des vacances d'été ou de l'achat d'articles électroniques. Ce sondage montre toutefois aussi que les Suisses s'en inquiètent moins que leurs confrères européens: en Allemagne, 80% des personnes interrogées ont indiqué qu'elles comparaient souvent les prix, en Autriche ils étaient 76 %, alors que la Suisse est à la traîne avec 52%.

(Adaptation par Lliana Doudot)

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