Une conseillère fédérale qui met en garde, une gauche profondément indignée, beaucoup plus d'argent pour l'armée et une décision importante qui reste à prendre. Mardi, le Conseil national a lancé le grand débat sur le budget, qui reprendra aujourd'hui jusqu'à jeudi. Voici les cinq points les plus importants à retenir.
Le bloc bourgeois tient bon
La gauche s'est retrouvée en mauvaise posture. Le Centre, l'Union démocratique du centre (UDC) et le Parti libéral-radical (PLR) se sont serrés les coudes et ont augmenté les dépenses d'armement. Ils souhaitent dépenser 530 millions de francs de plus que ce que le Conseil fédéral a prévu. Ainsi, en 2025, l'armée devrait pouvoir dépenser environ 2,7 milliards de francs en matériel d'armement. Parallèlement, le Conseil national a maintenu son intention de porter les dépenses de l'armée à 1% du produit intérieur brut d'ici 2030. Le Conseil des Etats souhaite faire de même d'ici 2032, le Conseil fédéral d'ici 2035.
Le bloc bourgeois a également tenu bon sur les coupes budgétaires. Le Conseil national veut économiser environ 125 millions de francs dans les frais de personnel, les dépenses de matériel et d'exploitation ainsi que les honoraires de conseil.
Où trouver l'argent?
Mais où seront économisés les 530 millions supplémentaires qui seront dépensés pour l'armée? C'est la grande question. En effet, en raison du frein à l'endettement, l'argent doit tout de même sortir de quelque part. Le Conseil national souhaite économiser 250 millions de francs dans l'aide au développement. Mais il n'a pas abordé le sujet mardi. Il sera débattu que ce mercredi.
Pour la gauche, la ligne rouge est franchie
Plus d'argent pour l'armée et des coupes massives annoncées dans l'aide au développement: pour le Parti socialiste (PS), les Vert-e-s et le Parti vert'libéral, les lignes rouges sont franchies. La gauche a déjà menacé de rejeter le budget.
Karin Keller-Sutter n'est pas contente
Elle a beau être bourgeoise jusqu'au bout des doigts, la ministre des Finances Karin Keller-Sutter n'a pas apprécié les plans de la majorité bourgeoise du Conseil national. La conseillère fédérale a notamment mis en garde contre les propositions d'économies dans la coopération internationale, jugées «problématiques». Selon elle, des projets devront probablement être interrompus. Et cela pourrait nuire à la réputation de la Suisse.
De plus, Karin Keller-Sutter s'est montrée critique face à l'absence de solution pour le financement des dépenses militaires supplémentaires. Si le Parlement augmente réellement les dépenses d'armement à 1% du produit intérieur brut d'ici 2030, il ne restera guère de marge de manœuvre dans d'autres domaines. Enfin, d'autres gros sujets sont à venir, comme la 13e rente AVS. «Vous devrez alors peut-être aussi discuter de recettes supplémentaires», a averti la ministre des Finances.
Et la suite?
Mercredi et jeudi, le Conseil national poursuivra l'examen du budget. Ensuite, le Conseil des Etats se penchera sur le dossier. En l'état actuel, il veut certes dépenser 530 millions de francs de plus pour l'armée, mais en contrepartie, il souhaite économiser dans l'aide au développement. La Chambre haute veut en revanche dépenser moins d'argent dans le domaine de l'asile. L'objet fera l'objet d'une procédure d'élimination des divergences entre les deux Chambres. Il n'était toutefois pas exclu qu'un conseil fasse passer le budget à la trappe. Un budget d'urgence menace donc. Mais si le bloc bourgeois reste uni, cela semble peu probable.