L'épouse devant le tribunal
Le procès du meurtre du maire de Lauterbrunnen s'ouvre ce mercredi

Martin Stäger a été tué de 58 coups de couteau par sa femme. Mais elle ne devrait pas aller en prison. Le Ministère public demande un «petit internement», car la femme est jugée irresponsable de ses actes. Le procès débute ce mercredi 1er mai.
Publié: 01.05.2024 à 14:10 heures
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Dernière mise à jour: 01.05.2024 à 15:54 heures
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Le 15 août 2022, Martin Stäger a été retrouvé poignardé. Membre de l'UDC, il avait été élu président de la commune de Lauterbrunnen (BE) à l'automne 2014.
Photo: Zvg
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Gina Krückl

La terrible nouvelle a choqué la Suisse. En août 2022, Martin Stäger est retrouvé poignardé dans son appartement de Lauterbrunnen (BE). L'homme, un membre de l'UDC, était maire de la commune depuis l'automne 2014, avait présidé le club de ski local pendant 18 ans et avait été chef de section militaire de la commune pendant 24 ans.

L'épouse du maire n'a pas tardé à être soupçonnée. Moins d'une semaine après les faits, la ressortissante allemande avoue avoir mortellement blessé son mari lors d'une dispute. Elle devra en répondre ce mercredi 1er mai devant le tribunal régional de l'Oberland pour homicide volontaire.

58 coups de couteau

Le Ministère public décrit le déroulement des faits: quelques jours avant le crime, l'accusée a acheté une bouteille de jus d'airelles, mais dès la première gorgée, elle a senti comme un goût d'ammoniaque. Pour elle, c'était une preuve évidente que quelqu'un voulait l'empoisonner.

Dans les jours qui ont suivi, l'épouse de Martin Stäger s'est enfoncée de plus en plus dans ce délire. Son mari a tenté de l'apaiser. Mais une dispute a éclaté dans leur foyer commun. L'épouse a saisi un couteau de cuisine et a poignardé son mari à 58 reprises, le touchant au thorax, au ventre et à la tête. Martin Stäger s'est vidé de son sang, et ses poumons ont été perforés.

Après le crime, le village de montagne, habituellement idyllique et très touristique, a été ébranlé. Un habitant avait d'ailleurs déclarer à l'époque: «C'était une personne si gentille. Je ne connais personne ici dans le village qui ne l'aimait pas.»

Est-ce un crime venu de nulle part? Pour cette amie d'enfance, pas vraiment: «Les deux se chamaillaient souvent. Verbalement, mais aussi physiquement.» Elle s'attendait même à un divorce. «C'était une relation toxique», témoignait-elle en 2022 pour Blick.

Jugée irresponsable de ses actes

Selon une expertise psychiatrique, l'accusée souffre d'un délire de persécution de type paranoïaque très prononcé. Elle avait d'ailleurs déjà séjourné plusieurs fois dans des cliniques spécialisées par le passé, parfois pendant des mois. Selon le rapport, les graves troubles psychiques auraient conduit au crime. Au moment des faits, l'épouse «avait la conviction délirante d'être empoisonnée par son mari». Pour cette raison, l'expertise considère l'auteur comme irresponsable.

En raison de la «persistance inchangée» du délire de l'épouse, d'autres actes de violence ne peuvent être exclus, ajoute le rapport. Ainsi, toute personne de son entourage proche ou lointain pourrait être impliquée dans sa paranoïa. Et même pour les spécialistes, il est «difficile de prévoir» quand ce comportement «se transforme soudainement en réactions hostiles et agressives».

Depuis la fin de sa détention provisoire, la femme se trouve en exécution anticipée de mesures. Elle est convaincue que le personnel de sécurité de l'établissement travaille pour la «Stasi» et accuse les médecins et les autres patients d'avoir tenté de l'empoisonner. C'est pourquoi l'expertise recommande une mesure stationnaire de plusieurs années.

Le Ministère public veut un petit internement

Le Ministère public suit cette recommandation. L'audience prévue mercredi n'est donc pas un procès pénal ordinaire: au lieu d'un acte d'accusation, il y a une demande de mesure. Le Ministère public y recommande une mesure stationnaire selon l'article 59 du Code pénal – plus connue dans le langage populaire sous le nom de petit internement. Interrogée par Blick, la défense n'a pas souhaité donner d'informations avant l'audience.

En raison des circonstances inhabituelles, l'audience se déroule à huis clos. Interrogé, le tribunal explique: «Le public a été exclu de l'audience par égard pour l'état de santé et pour préserver les intérêts dignes de protection de la personne accusée.»

La presse accréditée sera ensuite à nouveau autorisée à assister au prononcé du jugement lundi prochain à 15 heures.

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