C'était le WEF le plus court de tous les temps. Cette année, la rencontre annuelle du World Economic Forum a été marquée par l'attente. Non pas aux portiques de sécurité ou au buffet, mais l'attente d'un homme qui n'était pas physiquement présent à Davos: le président américain Donald Trump. Son apparition a marqué l'ensemble du WEF dès le début - et son intervention par vidéo a marqué la fin de l'édition 2025 du forum. Tous se sont précipités hors de la salle, beaucoup sont partis.
Le message de Trump: je fais ce que je veux. Plus effrayant encore: l'apparition docile de quelques top managers sur la scène, tels que Patrick Pouyanné de TotalEnergies, qui ont pu poser une question préparée à l'homme le plus puissant du monde. Et le caresser dans le sens du poil au passage. Cela ne présage rien de bon pour l'année prochaine, lorsque Trump viendra à nouveau en personne à Davos.
Une Espagnole tient tête à Trump
Seule Ana Botin, présidente de la banque espagnole Banco Santander, a fait face à Trump d'égal à égal et a fait remarquer avec malice que sa banque avait bien plus de clients que certaines des plus grandes banques américaines. Une pique qui a été applaudie dans la salle.
Cela devrait aussi être la recette pour l'Europe si elle veut maintenir sa position géopolitique. «L'enjeu est important pour les deux parties.» C'est en ces termes que la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen s'est adressée au nouveau gouvernement américain. Force contre l'extérieur, unité contre l'intérieur, voilà ce qui est désormais demandé à l'UE - une tâche herculéenne, comme on a pu l'entendre à plusieurs reprises à Davos.
La préoccupation pour l'avenir de l'Ukraine et de l'Europe ont été des éléments centraux de l'intervention de Volodymyr Zelensky au WEF: «Nous devons nous établir comme un acteur fort et indépendant, sans lorgner tout le temps vers Washington», a exigé le président ukrainien. L'Europe risque de sombrer définitivement dans l'insignifiance, il n'y aurait qu'une seule recette pour sauver le vieux continent à l'aube de la nouvelle ère Trump: montrer sa force.
Le forum a tourné autour de la politique
Et la Suisse? Elle s'est faite plus petite qu'elle ne l'était déjà. Dans de nombreuses interventions des six conseillères et conseillers fédéraux, on sentait poindre la question angoissante: «Que fait l'Amérique?» Toujours est-il que la Suisse revient de Davos avec deux nouveaux accords de libre-échange dans ses bagages: un avec le Kosovo et un avec la Thaïlande.
Cette année, le Forum économique mondial est devenu encore plus politique. La guerre en Ukraine et le retour de Trump ont marqué la rencontre. Le changement climatique a été relégué bien loin dans l'agenda, tout comme l'intelligence artificielle. Les conférences sur ces sujets ont eu lieu devant des gradins à moitié vides.
Backlash sur le climat et la diversité
En secret, de nombreux top managers se sont réjouis à Davos que le balancier se soit inversé et que la pression de Washington ait permis de reprendre une activité économique plus libre, avec moins de bureaucratie et de réglementations. Les bénéfices doivent jaillir, libérés des prétendues entraves des programmes de diversité et de durabilité.
D'un autre côté, ces thèmes ne disparaîtront pas, ils sont trop profondément ancrés dans l'esprit des collaborateurs. Celui qui renonce à l'égalité aura du mal à trouver les spécialistes et les cadres dont il a besoin. En fin de compte, les affaires durables sont rentables pour la grande majorité des entreprises.
Les attaques de Milei et de Trump contre le «wokisme» et le changement climatique l'ont montré: nous sommes entrés dans une ère d'hommes dominants. Pour rester dans la course, il faut également faire preuve de force, une force intelligente. C'est la seule façon de battre les populistes avec leurs propres armes. Le temps des solutions multilatérales aux problèmes mondiaux semble être révolu, le slogan «Nous d'abord» était largement répandu à Davos.
Le credo du WEF est d'améliorer l'état du monde. La rencontre annuelle de cette année n'y a pas contribué. Il ne reste plus qu'à espérer que la situation géopolitique et climatique ne se détériore pas de manière dramatique d'ici à la prochaine rencontre annuelle.